Les chapitres de ce roman ont pour titre le prénom et le nom d'une personne, comme une série de portraits à travers des scènes de vie, des relations avec les autres. Les personnages se croisent : on finit par en retrouver certains, en lien direct, évoqués par d'autres ou présents dans d'autres scènes.
Le fil est parfois difficile à suivre entre eux, mais peu importe car le style réaliste est direct et prenant. Souvent grave, parfois comique. Il est beaucoup question des relations avec les autres : famille, amis, amants, maîtresses... mais aussi du temps qui passe — avec plus ou moins de bonheur, justement —, de la vie, de la maladie et de la mort... Certains auraient tout pour être heureux, mais que manque-t-il à leur bonheur ? Après quoi courent-ils ? À côté de quoi passent-ils ?
Petit exemple de rapports de la vie conjugale tendus entre Robert et Odile Toscano :
"— Je suis fatigué Odile... Éteins. Éteins bordel. Il se recroqueville sous les draps. J'essaie de lire. Je me demande si le mot fatigué dans la bouche de Robert n'aura pas contribué à nous éloigner plus que n'importe quoi. Je refuse de lui donner une signification existentielle. On accepte d'un héros de la littérature qu'il se retire dans la région des ombres, pas d'un mari avec qui on partage une vie domestique."Ces portraits pourraient se prolonger à l'infini, on les lirait avec autant de plaisir. C'est tout l'Art de Yasmina Reza.
Éditions Flammarion, 2013, 220 pages.
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