vendredi 23 juin 2023

Auto-promo Marie M.

J'ai le plaisir de vous informer que mes nouvelles parues dans la revue Kanyar sont rassemblées dans un recueil, grâce aux éditions Esprit des Lieux, ainsi que quelques surprises.
Tout d'abord, Éric Briot a eu la gentillesse de rédiger la préface.
Ensuite, une nouvelle inédite vient compléter l'ouvrage.
Enfin, une partie que j'ai appelée "Jardins secrets" fonctionne comme des portes dérobées ou une lecture entre les lignes. Il s'agit de commentaires et anecdotes sur l'écriture de ces nouvelles et mes sources d'inspiration.
Bien sûr, j'y évoque l'histoire de la revue Kanyar créée par mon ami André Pangrani à qui je dédis ce recueil, ainsi qu'à mon frère, Jean-José Martinez, dont l'illustration de couverture est une de ses œuvres. 

Je reprends un extrait de la quatrième de couverture : 

Dans ces dix histoires, la nature, réconfortante et inspirante, tient un rôle discret mais particulier. Une soi-disant folle se prend pour un coquelicot et parle aux arbres, un ouvrier s'épanouit en créant des jardins, une jeune femme laisse aller ses pensées sur les pentes du Ventoux, une autre se ressource au bleu infini de la mer...
Ces nouvelles évoquent parfois des moments difficiles, des phases de transition, des mondes flottants, mais elles finissent toujours par trouver la lumière et l'espérance.

Éditions Esprit des Lieux, 2023, 168 pages, 13 euros.

Pour commander le livre, suivez ce lien.

lundi 12 juin 2023

Parlons photo

Voilà un passionnant entretien de Maurice Rome (un mystérieux Canadien de 37 ans qui fait le tour du monde des innovateurs en photographie et, en tout cas, qui en connait un rayon) avec ce passionnant photographe chercheur expérimental qu'est Michel Charles.
Bien que je connaisse un peu l'artiste en question, qui est aussi un excellent écrivain qui signe ses livres du pseudonyme de Charles Gobi, j'ai beaucoup appris sur lui, ses débuts dans la photographie, ses inspirations, son parcours, ses techniques et ses inventions.
En plus de répondre avec la grande modestie, simplicité, et non moins profondeur, qui le caractérisent, Michel ne nous prive pas non plus de son humour irrésistible, plein de jeux de mots et de fantaisie.
Il est un peu question de technique, forcément, mais juste ce qu'il faut pour ne pas perdre les néophytes. Le mode de l'entretien rend l'échange très vivant. D'ailleurs, pour lui, une séance photo est aussi banale qu'une conversation : "Intéresser, rendre intéressant, poursuivre." Et c'est bien ce qu'il se passe pour le lecteur qui poursuit, avec intérêt, la lecture.
L'entretien est accompagné d'une douzaine de photos, ces fameuses métacinèses dont il est l'inventeur.
Bref, je me suis souvent demandé pourquoi Michel n'était pas mondialement (re)connu. Il me semble avoir trouvé une partie de l'explication dans cet entretien : d'abord, la photographie expérimentale n'est pas à la mode. Ensuite, Michel a tendance à chercher là où les autres ne vont pas. Par exemple, il s'intéresse aux paysages qu'on ne photographie habituellement pas. Forcément, ce n'est pas dans l'air du temps, complètement à contre-courant donc complètement à l'avant-garde.
Ce livre est une pièce du puzzle indispensable avec l'album Femmes mouvementées qui comprend plus d'une cinquantaine de photos, format A4.

La photographie mouvementée. Maurice Rome avec Michel Charles, éditions du Radian, 2023, 64 pages.

Pour acheter ces livres : michel.charles@gmail.com ou via son site.


Lire mes chroniques sur les livres de Michel Charles Gobi.

dimanche 11 juin 2023

S'affranchir de son milieu

Enthousiasmée par la lecture de Karen et moi de Nathalie Skowronek, je poursuis l'exploration de l'œuvre avec le roman Un monde sur mesure.
Cette fois-ci, la narratrice, qu'on sent encore très proche de l'autrice, nous immerge dans le milieu de la couture et du prêt-à-porter qui est celui de sa famille depuis quatre générations : des tailleurs juifs de Pologne aux propriétaires de boutiques en Belgique.
C'est à la fois l'histoire des siens, une saga familiale, et la description d'une profession qui a beaucoup évolué depuis les vêtements faits sur mesure puis ces "pièces" achetées chez les grossistes du Sentier ou dans le quartier de la rue Popincourt à Paris. Cette époque est révolue puisque les grandes enseignes internationales ont maintenant remplacé les commerçants indépendants et font fabriquer directement en Asie.
On découvre alors cet univers de la mode, des grossistes — ce qui rappelle un peu le film La Vérité si je mens ! mais en version documentaire et des boutiques, vu de l'intérieur avec sa frénésie, son jargon, ses us et coutumes et son déclin.
C'est un très bel hommage à sa famille, son épopée, ses métiers et ses drames, puisque certains membres ne sont pas revenus des camps de concentration. D'ailleurs, une partie de la lignée continue à porter ce poids du passé, alors qu'une autre se tourne résolument vers l'avenir et veut vivre dans son temps.
Et surtout, le roman nous parle — comme un parcours initiatique — de l'expérience personnelle de la narratrice qui a grandi dans les commerces de ses parents et de sa grand-mère et y a ensuite travaillé pendant sept ans : il ne pouvait pas en être autrement dans cette famille.
Or, cette voie toute tracée n'allait pas de soi. Le costume n'était pas vraiment taillé pour elle car elle rêvait d'autre chose. Elle a vécu comme un déchirement et une trahison le fait de rompre avec la tradition familiale et de choisir d'autres métiers et activités : l'édition et l'écriture. Sa vocation littéraire n'était pas soutenue par les siens, qui trouvait cela plutôt incongru.
C'est donc le récit d'une libération, d'un choix personnel, puisqu'elle s'est affranchie d'un avenir tout tracé.

Espace Nord, 2019, 220 pages.

Le roman, dans son édition poche, est suivi d'un entretien avec Françoise Chatelain puis d'une postface sur l'œuvre de Nathalie Skowronek.

Lire aussi la chronique sur Karen et moi.