mardi 28 septembre 2010

Biographe, ou la mémoire de nos pairs

Vous connaissez mon autre activité de biographe pour particuliers (sinon, voyez mon site : www.mariemartinez.fr). C'est ainsi que mon amie Viviane tombe sur un roman qui parle d'un biographe et, ni une ni deux, me l'expédie en direct de son libraire préféré.
C'est La légende de nos pères de Sorj Chalandon : l'histoire d'un homme qui a laissé partir son père sans vouloir écouter ce qu'il avait à lui dire, notamment sur son passé de combattant.
Cet homme est devenu biographe, il écrit la vie des autres (faute d'avoir pu écrire celle de son père ?). Un jour, il écoute le récit d'un homme, ancien résistant, comme son père. Mais parfois, les secrets et les non-dits crient plus forts que le silence...
Je ne vous en dis pas plus : c'est excellent !
Je me demande d'ailleurs pourquoi Sorj Chalandon n'a pas eu de Prix littéraire... comme quoi, il doit y avoir trop de talents et pas assez de Prix. Ou bien le talent n'a pas de prix.

Éditions Grasset, 2009, 256 pages. 

dimanche 19 septembre 2010

Fan de Trinidad

Dans la série "spectacles vivants", option one-woman-show, je suis fan de Trinidad.
Les titres de ses spectacles valent à eux seuls le déplacement : "Peut-on avoir été conçu dans l'amour et faire la gueule dans les transports en commun ?", "La conversion de la cigogne ou l'avantage de naître avec le sens de l'humour dans un milieu hostile" ou "Le Miroir ou comment savoir à ce point ce qu'on veut faire de sa vie et avoir autant de mal à y arriver".
J'ai tout vu, voire revu (je suis vraiment fan) et j'y ai chaque fois emmené des ami(e)s qui ont été également enchantés. Hé ! c'est l'occasion de témoigner en commentaires, les ami(e)s !
On pleure beaucoup pendant ses spectacles : surtout de rire et aussi d'émotion.
Et comme on voudrait tout retenir de ses tirades percutantes et de ses préceptes... on peut lire et relire le texte grâce au livre ou revoir la pièce grâce au DVD.
Devenez fans de Trinidad !

Toutes les infos, les programmes, la boutique sur :
www.trinidad-g.com

mercredi 15 septembre 2010

Jusqu'au 22 septembre à La Criée !

Hier soir, je suis allée voir Product, une pièce d'un Anglais, Mark Ravenhill, mise en scène par Sylvain Creuzevault, au théâtre de La Criée de Marseille. J'ai adoré.
Le numéro d'acteur de Christian Benedetti est impressionnant ! C'est l'histoire d'un producteur qui veut convaincre une actrice de jouer dans son film : il lui joue littéralement son rôle, décrivant le scénario, les images, le montage, ce qu'elle ne dira pas avec des mots et qu'elle dira avec les yeux. Bref, il y met toute son énergie et c'est épatant, souvent très drôle.
Donc, pour ceux qui habitent à Marseille (ou qui verront la pièce programmée dans leur ville), allez-y vite, vous m'en direz des nouvelles. Product passe jusqu'au 22 septembre à La Criée.

mercredi 8 septembre 2010

Le livre de la jungle, version Ingrid

Serge Scotto, excédé par la mascarade politico-médiatique de l'affaire Ingrid Betancourt, a eu l'idée de raconter en BD cette histoire tellement burlesque qu'elle était servie sur un plateau. "La farce et les gags étaient si énormes qu'on n'aurait pas pu les inventer sans avoir l'air d'exagérer", précise-t-il. Eric Stoffel a été le seul inconscient à accepter de le suivre dans cette aventure "overpunk" pour co-écrire le scénario. Le dessinateur Richard Di Martino l'a mis en images en un temps record, façon Spirou classique : inutile d'en rajouter dans le délire. C'est à peine caricatural et parfaitement documenté sur les faits réels.
Le scoop ! Et voilà que cette BD, qui sortira le 15 septembre 2010 chez Fluide Glacial, intrigue déjà les médias du monde entier — même les Colombiens — curieux de connaître le point de vue français de cette affaire.
J'ai eu la chance de rencontrer les trois auteurs hier soir, lors d'un dîner-débat au Don Corleone, le restaurant d'Alfred et Sophie Mauro (qui ont également apporté leur grain de sel à la BD).

samedi 4 septembre 2010

Voleurs et menteurs ?

Et pourquoi on ne parlerait pas de cinéma dans ce blog ?
Surtout s'il s'agit d'un bon moment à passer en compagnie, entre autres, d'écrivains qui se font traiter de "voleurs et menteurs".
Tamara Drewe, de Stephen Frears, est inspiré du livre graphique de Posy Simmonds.
Une crème (de comédie) anglaise !

Éditions Denoël, 
collection Denoël Graphic, 2010, 136 pages.


La vie textuelle de Marie M.

Le titre de ce blog, L'avis textuel de Marie M. a une petite histoire, que voilà.
Cela remonte au début des années 2000. Mon ami André Pangrani avait lancé le journal Le Margouillat, petit frère du Cri du Margouillat, revue mythique de bande dessinée de l'île de La Réunion créée par Boby Antoir. Il souhaitait ouvrir les pages à d'autres courants artistiques que la BD.
Il avait notamment demandé à Pierre-Louis Rivière d'écrire un feuilleton, à Laurent Segelstein de parler d'art contemporain et à moi-même de rédiger des chroniques de livres. Nous avions décidé que je les signerai Marie M.
André me faisait parfois des suggestions de sujets, et m'avait notamment proposé de parler du récit de Catherine Millet, La vie sexuelle de Catherine M., qui venait de sortir et faisait scandale.
J'avais lu Catherine Millet, spécialiste de l'art contemporain et fondatrice de la revue Art Press et, comme beaucoup, j'avais été surprise par l'exposé de ses expériences sexuelles à la cadence infernale. La polémique autour du livre ne faisait bien sûr référence qu'au sujet de fond, sa vie sexuelle, alors que son intérêt est surtout dans sa forme artistique.
C'était la belle surprise du livre : son style, rigoureux et distant, et une réflexion intellectuelle pour le moins originale pour parler de sexe. En effet, en critique d'art, l'autrice ne se contente pas d'énumérer et relater. Elle analyse sa vie sexuelle comme une collection d'œuvres d'art en quatre chapitres (Le nombre, L'espace, L'espace replié, Détails) et l'organise comme une visite guidée de l'innombrable collection d'une obsessionnelle. En littérature, tout est question de style.
Donc, le titre de mon blog vient de cette chronique dans Le Margouillat car, à la fin, pour faire un jeu de mot, j'avais prévu comme chute : "Voilà, c'était l'avis textuel de Marie M."
Mais la phrase avait été coupée à la maquette, prétendument parce qu'elle créait une répétition inélégante avec ma signature qui suivait. J'avais été frustrée en découvrant la suppression à la parution du journal. C'était comme si on m'avait coupé la parole. Aussi, lorsqu'il a été question de trouver un titre à ce blog (que j'ai créé pour faire suite à cette expérience très heureuse et drôle de chroniqueuse littéraire du Margouillat), je me suis libérée de l'unique petite frustration de cette aventure, et j'ai ressorti mon jeu de mot, d'autant que j'allais pouvoir écrire librement, sans qu'on me coupe.

Éditions Points, 2002, 264 pages.

jeudi 2 septembre 2010

Les allumés Suédois

Deux romans suédois à faire fondre la banquise.
Le titre du premier, Le mec de la tombe d'à côté, est déjà tout un programme. Une intellectuelle citadine et un éleveur de vaches s'assoient sur le même banc au cimetière : une rencontre invraisemblable. Et pourtant, "il n'y a que les montagnes qui ne se rencontrent pas"... Ces deux-là sont si attachants qu'on aimerait vraiment les voir heureux ensemble... Que vont-ils trouver pour vivre leur passion alors que leurs univers sont incompatibles ? L'auteur, Katarina Mazetti, leur donne la parole à tour de rôle, chapitre par chapitre, dans un style plein d'humour et de tendresse. Oui, j'avoue : à la fin, j'avais le cœur serré et les larmes aux yeux.
Les chaussures italiennes de Henning Mankell : c'est tout simplement prenant comme la glace qui, l'hiver, relie cette minuscule île à la terre. Ici, vit reclus un ancien chirurgien, depuis la "catastrophe". Il a un chat, un chien et une fourmilière qui envahit son salon... Il a beau se planquer, le passé le rattrape et tout chavire. Ce sont des femmes (évidemment !) qui vont le sortir de son isolement et l'obliger à réagir : son premier amour, une activiste excentrique et une éducatrice pas si manchote... Une belle galerie de portrait d'originaux qui ont choisi de vivre différemment, fidèles à leurs idéaux. Un régal !

Le mec de la tombe d'à côté de Katarina Mazetti, éditions Actes Sud, Babel Poche, 2013, 256 pages.

- Les chaussures italiennes de Henning Mankell, éditions Points Poche, 2013, 384 pages.