samedi 22 juin 2013

En 1919, sur l'île de La Réunion...

La Grippe Coloniale est une belle histoire dessinée en deux tomes — Le Retour d'Ulysse et Cyclone la Peste — qui s'appuie sur des faits historiques qui se sont déroulés sur l'île de La Réunion à l'issue de la Première guerre mondiale.
Le scénario, sensible et intelligent, est signé Appollo. Les dessins, à la fois très réalistes pour les décors et plus fantaisistes pour les personnages, sont de Serge Huo-Chao-Si.
L'histoire s'attache à celle de quatre soldats réunionnais rescapés qui rentrent chez eux et tentent de reprendre le cours de leur vie, mal en point, parfois défigurés... Ils ne sont pas vraiment accueillis en héros, d'autant qu'ils rapportent avec eux le virus de la grippe espagnole. L'épidémie décime la population, jusqu'ici épargnée par les conflits qui s'étaient déroulés loin de l'île. Les Réunionnais sont abandonnés à leur sort puisque les navires de ravitaillement n'accostent plus. Les cadavres s'entassent dans les rues. La situation est désespérée jusqu'à ce que...

Éditions Vents d'Ouest.

lundi 10 juin 2013

Heureuse qui comme Siri a fait un beau voyage

Ce qui est passionnant et pratique chez la brillante Siri Hustvedt, c'est qu'elle a lu une montagne de livres spécialisés, et souvent hermétiques pour les non initiés, dans des domaines qui n'ont généralement aucun pont entre eux (qu'elle compare à des îles pour experts happy few : neuroscience, psychiatrie, psychanalyse, linguistique, art, littérature, philosophie...) et qu'elle nous en propose la synthèse dans une série de textes à notre portée, bien écrits, avec cette intention de nous parler de ce qui la fascine dans notre rapport au monde. Elle part en excursion pour nous dans ces îles, isolées et peu accessibles, et nous rapporte ses comptes-rendus de voyages et impressions.
Vivre Penser Regarder sont les chapitres de cette compilation d'articles et de conférences que Siri Hustvedt a écrit sur ces sujets (déjà présents dans La femme qui tremble) : écriture, lecture, art, processus de création... et comment notre intériorité — l'énigme cerveau/esprit — réagit aux impacts du monde extérieur. Ainsi, écrit-elle dans le dernier chapitre :
"Je n'écris pas sur l'art pour l'expliquer mais afin d'explorer ce qui s'est passé entre moi et l'image, sur les deux plans de l'émotion et de l'intellect. Regarder, après tout, se fait toujours à la première personne".
Elle cite également Louise Bourgeois :
"L'art n'a pas l'art pour sujet. Le sujet de l'art, c'est la vie".
Éditions Actes Sud, 2013, 512 pages.

D'autres chroniques sur le cerveau :
- La femme qui tremble - Une histoire de mes nerfs de Siri Hustvedt
- 101 astuces pour mieux penser - Débloquez le potentiel de votre cerveau ! de Xavier Delengaigne
- Le cerveau peut-il faire deux choses à la fois ? de Fiamma Luzzati
- La femme qui prenait son mari pour un chapeau de Fiamma Luzzati
- Mon cerveau, ce héros - Mythes et réalités d'Elena Pasquinelli
- Peut-on manipuler notre cerveau ? de Christian Marendaz

samedi 8 juin 2013

L'humour noir, c'est noir

Comic Strip d'Arnaud Modat commence bien :
"Buster est un type sans concession. Il repose dans un coin retranché du cimetière, au milieu d'autres anonymes en rangs serrés".
Le ton est donné : humour noir et absurde, dans un monde où le comique est interdit et se monnaie au marché noir sur le trottoir, comme une passe, de préférence sur le boulevard Desproges.
La biographie de l'auteur est à la même sauce :
"Arnaud Modat est né à la fin des années 1970, à la frontière du funk et de la disco, mais à Douai. Il a failli être scorpion. Artiste polymorphe non rentable, flegmatique, confus, égocentrique et sportif atypique, il vit aujourd'hui à Strasbourg, considérant que le climat alsacien stimule sa créativité. Il écrit des nouvelles de manière très artisanale dès qu'il en a l'occasion, mais surtout quand il dort. Il aime aussi les échecs, marcher pieds nus sur le goudron chaud, distribuer des bouchons de vodka, le cheval d'arçon et Fanny. Il mourra probablement en 2054 (en février ou en juin, mais le huit), d'une intoxication au plomb, tout simplement".
Un tout petit livre des éditions StoryLab et Intervalles qui proposent également des récits numériques à lire en moins d'une heure sur son Smartphone ou sa tablette.

Éditions StoryLab, 2012, temps de lecture : 30 mn.

jeudi 6 juin 2013

Tout passe, sauf l'art

Par petites scènes, Gabriel Josipovici plante le décor et l'ambiance de Tout passe comme dans un court-métrage ou une pièce de théâtre. Première scène :
"Une pièce.
Il se tient à la fenêtre.
Et une voix dit : Tout passe. Le bien et le mal. La joie et la peine. Tout passe."
Félix, le personnage principal, évoque ses souvenirs entre des visites de son fils ou sa fille, avec qui la communication n'est pas franchement loquace. De temps en temps, le téléphone sonne. Parfois, il ne décroche pas. Parfois, il n'y a personne au bout du fil. Des souvenirs de conversations sur Rabelais, Dante ou Shakespeare, sur l'écriture et le rapport au public, ou de femmes qui ont traversé sa vie... La solitude, la rupture, la maladie, sur fond de Beethoven. On boit du thé ou du café. Un carreau de la fenêtre est fêlé : que représente cette fêlure ?
Un magnifique roman, aussi court que poétique.
Ce texte est traduit par Claro qui se dit "chasseur de trésors littéraires". C'est dire.

Quidam éditeur, 2012, 72 pages. 

* Lire aussi mes chroniques sur :
- Moo Pak ;
- Goldberg : Variations ;
- Infini - l'histoire d'un moment.

lundi 3 juin 2013

Je philosophe, donc je suis

Excellente idée que ces deux ouvrages de citations expliquées de Nietzsche et Spinoza par Marc Halévy ! (dans une collection qui compte déjà une douzaine de titres).
Après un court texte sur l'homme, son œuvre et ses idées, les 150 citations regroupées par thèmes se terminent par un épilogue sur l'auteur — Nietzsche ou Spinoza — et nous. Par petites touches, on entre ainsi dans l'œuvre de ces deux philosophes avec l'essentiel sur le contexte, les différentes interprétations et l'actualité du message.
Parmi les Citations de Nietzsche expliquées, on trouvera par exemple la célèbre citation "Ce qui ne me tue pas, me renforce" ou "Ce qui me bouleverse, ce n'est pas que tu m'aies menti, c'est que désormais, je ne pourrai plus te croire" et pour finir : "Deviens ce que tu es et fais ce que toi seul peut faire !", tout un programme de vie à adopter dès aujourd'hui. Marc Halévy en profite d'ailleurs pour nous inviter à une réflexion personnelle : "Lecteur, je laisse cette page blanche pour que vous y notiez ce que vous comptez faire, dès demain, pour le mettre en application..."
Un rappel de notre propre et entière responsabilité face à notre bonheur et notre destin.

Éditions Eyrolles, 2013.