dimanche 10 juin 2012

Parlons du bonheur

Dans les moments difficiles, je me demande toujours où trouver des solutions, du soutien, le moyen de sortir de l'impasse. Il y a les ami(e)s à qui je peux me confier ou tout simplement bavarder de tout et de rien en passant un bon moment. Et puis, il y a des essais où j'espère trouver une autre façon de penser. Le problème avec la bibliothérapie (se soigner en lisant), c'est justement qu'il ne faut pas se contenter de lire, mais s'efforcer d'appliquer les méthodes proposées et d'approfondir les réflexions. Sinon, ça ne change pas grand-chose ou pas pour très longtemps.
Thierry Janssen, dans Le défi positif, propose une synthèse des récentes études en biologie, neurosciences et psychologie sur le bonheur et la bonne santé, puis une piste d'introspection pour tenter de comprendre comment nous fonctionnons et de quelle façon nous pourrions être plus positifs, en cultivant nos forces du caractère et nos vertus, et en donnant du sens à nos expériences.
C'est sûrement le travail de toute une vie pour atteindre la sagesse.
La sagesse est "le sommet de l'excellence humaine", selon le psychologue allemand Paul Baltes, et "le résultat d'une maturation qui nous fait accepter nos succès et nos échecs au lieu de désespérer à l'idée d'avoir gâché notre existence", selon le psychanalyste américain Erik Erikson.
Restez sages !

Éditions Les Liens qui Libèrent, 2011, 380 pages. 

samedi 9 juin 2012

Une critique d'art s'expose

Dans une série d'entretiens avec Richard Leydier, critique d'art, Catherine Millet raconte son parcours passionnant, en tant que directrice de la rédaction de la revue sur l'art contemporain art press et auteur de livres sur l'art et de récits autobiographiques : D'Art Press à Catherine M.
Il est donc question de l'histoire de art press et plus largement de l'art contemporain, puisque Catherine Millet a commencé à écrire des critiques en 1968, alors qu'elle n'avait que 20 ans, et qu'elle a fondé sa revue art press en 1972, avec le galeriste Daniel Templon.
Ce point de vue exceptionnel de témoin direct fait d'elle une historienne de l'art contemporain qui assume sa subjectivité et prend le risque de s'exposer.
En effet, qu'elle écrive sur l'art ou sur sa vie intime, Catherine Millet pense que c'est en étant très personnel qu'on rejoint l'universel.

Éditions Gallimard, Collection Témoins de l'art, 2011, 256 pages.

Quant à ses récits personnels, justement, j'ai déjà évoqué La vie sexuelle de Catherine M. à l'écriture originale, c'est-à-dire dans le style d'une critique d'art.
Elle a ensuite publié Jour de souffrance ; une douloureuse crise de jalousie qui a duré trois ans, magistralement écrite et décrite, avec la précision et l'obsession qui sont siennes. Un témoignage de première main qui met parfois mal à l'aise tant le récit est cru, impudique et direct, mais sidérant de vérité. À la manière de Rousseau dans ses Confessions, ce récit est un document inédit sur la nature humaine.

Éditions Flammarion, 2008, 272 pages.

dimanche 3 juin 2012

Le royaume de Pierre Michon

Éditions Verdier, Collection jaune, 1996.
Évidemment, j'ai poursuivi mon exploration de l'œuvre de Pierre Michon, dont certains pensent qu'il est un des plus grands écrivains français vivants. Je suis bien d'accord. Son style est admirable. Je dirais même que c'est du lourd, du concentré, dans le sens où ce n'est pas le genre qu'on lit pour passer le temps, distraitement : cela demande un minimum d'attention. Les phrases sont longues, complexes, denses de références et d'érudition. Un dictionnaire — et pourquoi pas une encyclopédie ou une histoire de la littérature ? — est souvent utile. Je ne vous dis pas ça pour vous dégoûter, au contraire. Ce serait dommage de passer à côté de cet orfèvre du style, de cet univers étonnant, presque d'un autre siècle. Un exemple de bijou de ce tailleur de Pierre : Le Roi du bois ; quelque cinquante pages qui laissent longtemps une empreinte dans l'esprit. À mon avis, avec Vies minuscules, c'est une bonne approche de son œuvre.
Heureusement, son écriture suscite un tel engouement qu'un nombre impressionnant de livres nous donne des clés pour la comprendre, découvrir ses subtilités et ses inspirations. Par exemple, le recueil d'entretiens Le Roi vient quand il veut ou le livre-CD d'Agnès Castiglione (voir l'illustration dans une précédente chronique).
Enfin, avec ou sans clés, par la grande ou la petite porte, on entre quand même dans le royaume de Pierre Michon, car son mystère ouvre les fenêtres de notre imagination. Après tout, c'est bien l'intérêt : ne pas tout comprendre, rêver, créer son propre monde.