mercredi 27 mars 2024

Il nous faut des arguments !

C'est toujours fascinant comme les bonnes idées fleurissent comme des coquelicots en même temps : encore un guide pour nous aider à répondre à tous les réfractaires à l'écologie, qu'ils soient nouveaux sceptiques immobilistes, économico-anxieux, optimistes candides, techno-solutionnistes, dissonants cognitifs (voir ma chronique ci-dessous).
Cette fois, c'est Margot Jacq, spécialiste de la transition écologique des territoires, qui nous propose cet excellent Petit manuel de répartie écologique.
Comme il n'est pas simple de parler d'écologie avec son entourage, l'autrice propose des arguments et une posture bienveillante, pédagogique et empathique pour éviter de casser l'ambiance (et de braquer les autres).
En effet, ce n'est pas en stigmatisant ou en agressant son interlocuteur qu'on fera avancer le débat.
Elle cite des solutions concrètes et reste positive.
Pour elle, les opposants ne se ressemblent pas et il faut adapter nos arguments.
Son livre est donc divisé en autant de chapitres que de typologies d'interlocuteurs. Mais attention : certains cumulent les casquettes !
Quelques exemples de propos : "L'écologie, c'est vraiment un truc de riche bobo citadin !" ou "Arrêtez de me dire ce que je dois faire à la fin... C'est pas les petits gestes individuels qui vont nous sauver ! " ou "Mais comment vous allez financer tout ça ?" ou "Tu as vu ? Je me suis mis au tri !"
Une lecture très documentée qui montre l'exemple avec tous les arguments qu'il nous faut.

Les Liens qui Libèrent, 2024, 256 pages.

lundi 25 mars 2024

Qui a peur du féminisme ?

Pour la collection "Le mot est faible" Éléonore Lépinard s'empare avec talent du terme féminisme en spécialiste et lui redonne du sens. Elle le décortique et en détaille toutes ses nuances, ses courants et ses particularités.
Sociologue, professeure en études de genre à l'Université de Lausanne, ses travaux portent sur les mouvements et les théories féministes, l'intersectionnalité, le genre et le droit.
Le mot est chargé, explosif. Il sonne comme un combat sans cesse recommencé et relancé (on l'a vu avec les vagues de Metoo), sans cesse enrichi.
C'est comme si demander plus de respect, plus d'égalité était entendu comme le contraire, comme s'il s'agissait d'une volonté d'inverser les rôles et la situation, de prendre la place au lieu de prendre sa place. Ou comme s'il y avait malentendu sans nuances, comme s'il s'agissait de demander la fin de la galanterie, de la séduction, etc.
D'où vient cet anti-féminisme ? Qui a peur de quoi ? De perdre ses privilèges ? Pourquoi les mythes et la désinformation fleurissent ?
La définition du féminisme est difficile à circonscrire tant les personnalités en vue et les luttes diffèrent et se spécialisent, voire s'opposent.
Parmi les valeurs communes : liberté, égalité, autonomie.
Mais le sujet féministe est, toujours, en crise et ne concerne pas que "les femmes" qui ne peuvent évidemment pas être définies de façon homogène.

Cependant, la longue liste des demandes féministes de renommer le réel, de reconnaître les torts, de transformer les identités et les relations sociales nous montre à quel point le féminisme est avant tout une exigence d'élargissement permanent de notre horizon moral, une exigence de changer de perspective, de décentrement pour adopter le point de vue de l'autre, mais surtout de l'autre qui a moins de pouvoir.

Comme Chimamanda Ngozi Adichie nous le suggère, nous devrions toutes — et tous — être des féministes.

Anamosa, 2024, collection Le Mot est faible, 112 pages. 

Dans la même collection, lire aussi ma chronique sur Nature de Baptiste Lanaspeze.

mardi 19 mars 2024

Le poète de la vie ordinaire

Un beau pavé de 500 pages pour une biographie : il n'en fallait pas moins pour raconter Une vie de Charles Bukowski, écrite par son ami de longue date, le poète Neeli Cherkovski.
Très détaillé, donc, ce long récit s'appuie sur des souvenirs, des entretiens entre les deux hommes ou sa riche correspondance, et c'est vraiment passionnant.
Neeli Cherkovski rend l'auteur culte attachant, en tout cas, il en révèle toutes les qualités, sans oublier ses côtés sombres (dont ses beuveries sans fin et sa jalousie maladive). Et bien sûr, il met la poésie à l'honneur car celui qui s'est construit un personnage de "vieux dégueulasse" a révolutionné le genre.
Je résume les 500 pages. Né en Allemagne en 1920, il est élevé aux États-Unis par un père particulièrement rigide et sadique. Sa mère suit à la lettre les directives de son époux sans prendre la défense de son fils. Cette éducation en fait déjà un être à part.
À l'adolescence, solitaire et extrêmement complexé par son acné dont il gardera à vie les cicatrices sur le visage, il écumera les bars et les bibliothèques où il découvrira les auteurs qui l'inspireront tels que John Fante, Dostoïevski ou Hemingway.

Même au fond du désespoir, sa vision du monde ironique et grinçante, son aptitude à rire, même des situations les plus terribles, lui permirent d'aller toujours de l'avant. Il avait un objectif très précis en tête : vivre de son métier d’écrivain.

Il commence à publier des poèmes et se faire un nom, puis écrit des nouvelles et des romans, ainsi que le scénario du film Barfly. Tous les détails sont dans cette biographie, ainsi que ses relations tumultueuses et arrosées avec les femmes, sauf avec la dernière qu'il épousera et avec sa fille Marina avec qui il était extrêmement patient et attentif.
Un psychiatre de l'armée l'avait parfaitement bien compris : "Bukowski cache une sensibilité extrême sous un masque impassible."

Au Diable Vauvert, 2024, 484 pages.

Lire aussi mes autres chroniques sur d'autres livres de Bukowski, tous édités par le Diable Vauvert :
- Sur l'alcool
- Sur l'écriture
- Deux nouvelles illustrées par Robert Crumb : There's no Business et Bring me your love.

lundi 18 mars 2024

L'empreinte carbone en détail

Mike Berners-Lee est le pionnier de la quantification carbone, également auteur d'un autre essai inspirant : Il n'y a pas de planète B.
Dans Peut-on encore manger des bananes ? il détaille tout sur l'empreinte carbone. Voilà qui va nous aider à nous rendre compte de l'impact en émission de CO2, sur le climat, et surtout à faire des choix sur ce que nous consommons.
En effet, nous pourrons estimer combien pèsent nos voyages, nos déplacements, nos comportements, nos achats, etc. et désormais compter en carbone.
C'est primordial pour tenter de limiter le changement climatique, c'est-à-dire la fonte des glaciers, les espèces qui disparaissent...  Malgré la situation angoissante, l'auteur s'est efforcé de garder un ton léger. Anglais, il s'est tout de même adapté à la culture et au mode de vie français avec le coût de la baguette, du TGV, du vin...
Une dernière partie est composée de conseils pour agir en faveur du climat car nos actions individuelles comptent, surtout si nous arrivons à convaincre les autres.
L'auteur avoue que, lorsqu'il s'adresse à des responsables politiques, il ne prend plus de gants. Nous avons justement vu, avec Jeremy Bismuth, qu'on pouvait riposter tout en gardant son humour : voir la chronique ci-dessous.
Alors pour répondre à la question du titre : l’empreinte carbone de la banane, contrairement à ce qu'on pourrait imaginer, est tout à fait raisonnable puisqu'elles voyagent en bateau (et pas en avion). Donc oui, vous pouvez continuer à manger des bananes.
La liste des autres produits et actes est longue : repasser une chemise, suivre une visioconférence, se faire une tasse de thé, un livre de poche, prendre un bain, un bouquet de fleurs du jardin ou achetées chez le fleuriste et en provenance du Kenya, une nuit à l'hôtel, un gigot d'agneau...
Les comparaisons sont parfois étonnantes. Où l'on apprend qu'une année de consommation d'eau potable froide équivaut à un trajet de 50 km en voiture.
Par contre, sans surprise, un aller-retour Paris-Marseille en train est le plus léger, mais si vous conduisez un gros SUV sans passager, c'est pire que l'avion.
C'est une bible à consulter sans modération. 

L'arbre qui marche, 2024, 304 pages.

L'arbre qui marche est une toute nouvelle maison d'édition spécialisée en voyage et non-fiction. Ses premiers livres sortent en mars 2024.

dimanche 17 mars 2024

Comment répondre à ses amis anti-écolos sans se fâcher

Quels sont les freins à la transition écologique ? Comment répondre aux détracteurs ?
C'est ce que propose, avec humour et bienveillance, de développer Jeremy Bismuth dans Manuel de riposte écologique. Les armes et les mots contre 30 arguments anti-écolo.

Voilà qui va pimenter vos rencontres dans la file d'attente de la boulangerie, à la terrasse des cafés ou dans les dîners !

Dans sa websérie Ami des lobbiesJeremy Bismuth prenait le contre-pied en faisant l'éloge de ce qui détruisait le vivant. Cette expérience lui a permis d'entendre les arguments et les idées reçues sur l'écologie, souvent issus du lobbying industriel.
Il a donc répertorié 30 sujets autour de la biodiversité, l'agriculture et l'alimentation, le climat et les énergies, l'économie et la société, la cause animale et nous donne les moyens de riposter.
Cela va de "La disparition d'espèces a toujours existé" à "Les animaux, ça n'est pas la priorité" en passant par "Le bio, c'est du marketing" ou "C'est la Chine le problème" ou bien encore "Le vrai problème, c'est la surpopulation". J'en passe et des pires.
Voilà de quoi ne pas laisser le dernier mot à ceux qui se complaisent dans l'inaction et le déni en laissant le déluge aux autres.
Cela permettra de rectifier le tir, voire de créer le doute chez vos interlocuteurs et de contribuer à votre petite part de colibri.

Tana éditions, 2024, 256 pages.

mercredi 6 mars 2024

Climatères et autres mystères

Élise Thiébaut est une autrice féministe qui s'attaque aux tabous. Après notamment les règles, la virginité, l'identité et le racisme*, elle nous décortique le climatère dans son nouvel essai : Ceci est mon temps. Ménopause, andropause et autres aventures climatiques.
En effet, le manque d'informations et de préparation (en plus de la ménopause, il y a la préménopause) sur le sujet est impressionnant quand le corps se transforme et vit parfois des effets désagréables.
Comme à son habitude, Élise Thiébaut déconstruit les mythes, les préjugés et les injonctions, et documente son sujet, tout en se référant à sa propre expérience.
Elle reparle de ces prétendus traitements, qui ont parfois causé plus de mal que de bien, et surtout du manque de recherches et d'informations sur un phénomène qui n'est pas une maladie et touche quasiment tout le monde (hommes et femmes). Mais dès lors que cela concerne les femmes, comme par hasard, tout le monde (ou presque) s'en fout et on se rend compte que les études font plutôt défaut.

Non contente d'inventer une pathologie, la médecine s'est mise elle-même dans le pétrin en étant incapable ni de l'identifier clairement, ni de la soigner. En effet, il y a très peu de moyens de diagnostiquer de façon certaine une ménopause.

Les hommes ne sont pas oubliés pour autant dans cet essai, puisqu'ils ne sont pas dispensés de cette évolution de leur métabolisme, souvent nommée andropause. Et il leur est fortement conseillé de lire cet essai, pour leur information.
Avec beaucoup d'humour, Élise Thiébaut nous fait la synthèse documentée, accessible et très instructive, que nous attendions sur ces sujets.

Au Diable Vauvert, 2024, 250 pages.

* Lire aussi mes chroniques sur d'autres livres d'Élise Thiébaut :
- Ceci est mon sang. Petite histoire des règles, de celles qui les ont et de ceux qui les font
- Mes ancêtres les Gauloises - Une autobiographie de la France
- L’Amazone verte. Le roman de Françoise d'Eaubonne.

À écouter également, un podcast avec Élise Thiébaut : Chaud Dedans.
et un autre podcast avec beaucoup de témoignages très vivants sur le sujet : Allez j'ose ! d'Elsa Wolinski.

Pas d'équerre

Si les cordonniers sont les plus mal chaussés, les futurs maçons et menuisiers sont les plus mal logés, puisque leur lycée professionnel est en mauvais état, Pas d'équerre, comme l'indique le titre de ce livre inclassable de Judith Wiart.
Inclassable parce qu'il s'agit d'un puzzle où chaque pièce — scènes vues, anecdotes, bons mots ou dialogues avec les élèves, textes de réformes de l'enseignement professionnel —, forme un tout, à la fois réel et extrêmement poétique, poignant ou comique sur la vie d'une professeur face à ses élèves.
Elle enseigne dans un quartier sensible, et se demande où sont les quartiers insensibles.
Par petites touches, donc, et textes brefs qui se lisent avec un immense plaisir tant ils sont vivants, vibrants, si près du quotidien souvent difficile des uns et des autres, elle nous parle de ses élèves (à qui elle dédie le livre) qui sont parfois des migrants mineurs, parfois des cas sociaux, souvent issus de milieux défavorisés et souvent poètes.
Ils sont là parce qu'on a jugé qu'ils n'étaient pas bons en maths et en français, ou dyslexiques (et autres dys), ou qu'ils rendaient fous leurs profs et leurs parents, qu'ils étaient bizarres !

 — Dans mon pays, madame, les filles n'ont pas le droit de se mettre en maillot de bain sur la plage.
—Ah bon ? Sinon, que se passe-t-il ?
— Elles iront en enfer !
— Ah ? Vous voulez dire que l'enfer est peuplé de filles en maillot de bain ? Ça a l'air sympa.
—Bah...


Les chapitres du livre correspondent aux trimestres de l'année et sont accompagnés de commentaires que l'on a l'habitude de lire sur les bulletins scolaires.
Elle se demande si les élèves se saisissent de ce qu'elle laisse "au bord" pour eux. J'en suis sûre, au moins pour certains — en tout cas pour nous, oui, c'est évident. D'ailleurs, la rencontre avec un ancien élève est très émouvante.
C'est drôle et poétique, tout simplement, parce que l'art est dans tout, "malgré tous les malgré".

Éditions Louise Bottu, 2023, 136 pages.

lundi 4 mars 2024

Le savoir-faire de l'écrivain

Plusieurs textes et articles de Virginia Woolf sur le thème de la lecture, de la chronique littéraire, de la création littéraire et de la condition de l'écrivain sont rassemblés dans ce recueil intitulé L'écrivain et la vie. Ils ont été écrits au fil des années, de 1916 à 1939.
Élise Argaud
a assuré la traduction et a écrit la préface avec brio.
Les chroniqueurs littéraires en prennent souvent pour leur grade (mais je ne me suis pas sentie visée). Ils ont leur utilité.
Je suis d'accord avec Virginia Woolf qui s'essayait à cet exercice entre deux fictions : cela reste de l'écriture et une réflexion sur la littérature. Le métier d'écrire est plus large que l'écriture de romans.
Le texte le plus vivant, le dernier, est la retranscription d'une émission de radio, Le savoir-faire de l'écrivain.

Éditions Rivage poche, collection Petite Bibliothèque, 2024, 192 pages. 

Une affaire de femmes

Autant annoncer la couleur tout de suite : Des larmes de crocodile de Mercedes Rosende est un roman policier exceptionnel, comme on en fait peu, noir et haut en couleur, drôle.
Est-ce un hasard ? L'auteur est une autrice, et ses deux personnages féminins principaux sont les plus incroyables et courageux de ce roman. En effet, les hommes sont tous (ou presque) bancales et pitoyables : veules, corrompus, ridicules, dépressifs, ratés... Grâce à cela, il y a de l'humour, du suspense et de l'action. Et de la tendresse.
La première partie du roman présente tous les personnages. L'intrigue s'installe tranquillement.
On retrouve, comme dans le précédent roman de la trilogie, L'autre femme, cette fameuse double Ursula Lopez qui embrouille tout le monde (et le lecteur aussi parfois). Quand Ursula s'ennuie, elle est prête à tout avec un époustouflant aplomb et un beau grain de folie. son credo est : Dieu vomit les tièdes.
L'autre personnage féminin est une redoutable inspectrice de police qui ne lâche pas l'affaire.
Dans la deuxième partie, dont les titres de chapitres sont numérotés à la minute près, tout s'accélère avec un braquage complètement dingue et explosif. À partir de là, la lecture devient fébrile et réjouissante : impossible de lâcher le livre.
La troisième partie, comme un épilogue ou une suite énigmatique, nous laisse sur le carreau.
Il paraît qu'il s'agit d'une trilogie : j'attends la suite avec impatience.
Pour résumer, c'est jubilatoire.

Quidam éditeur, traduit de l'espagnol (Uruguay) par Marianne Millon, 2024, 260 pages.

Lire aussi ma chronique sur le précédent roman L'autre femme qui sort en format de poche actuellement.

samedi 2 mars 2024

Une vie de femme

Le titre du roman de Joëlle Bault, Trois âges, est inspiré d'un poème d'Anna Akhmatova : "Les souvenirs en nous vivent trois âges".
Ce sont trois âges de la vie d'une femme.
De l'enfance à l'âge où les parents ont disparu, en passant par l'âge adulte, les années défilent, de fillette et fille à femme, en passant par tante et amie. L'amitié a, en effet, une grande et belle place dans ce roman que l'on sent très autobiographique.
D'abord on se laisse porter par une écriture fluide et précise, très juste et sensible, où chaque mot est à sa place, par opposition à la narratrice qui ne se sent pas toujours à sa place.
Le texte est parsemé de phrases en italique, comme soulignées.

Née fille. On tente de ne pas le devenir ou de le subir le moins possible.

Même si chaque vie est particulière, on peut se retrouver dans ce récit, surtout en tant que femme car, par petites touches délicates mais affirmées, le texte est, en filigrane, un manifeste féministe.
Joëlle Bault nous plonge dans cette sensation de flottement à la recherche d'une voie, souvent contre les injonctions familiales, sociétales et professionnelles, et face à une injustice patriarcale. Il y a parfois un décalage entre ce qui est demandé et ce qui est permis.
Il s'agit, par exemple, de ces pressions pour être en couple, "se caser" (trouver sa case), avoir des enfants... auxquelles la plupart des femmes sont confrontées.
Dans nos parcours professionnels, il y a ce fameux plafond de verre qui fait qu'on a beau cocher toutes les cases du profil, l'ascenseur n'est pas pour nous. Sans compter qu'il faut sourire malgré les caprices, sautes d'humeur et comportements sexistes (mais bien sûr, nous manquons d'humour et c'est nous qui choquons en soulignant ces agissements).
C'est finalement dans les randonnées de montagne que la narratrice peut enfin s'élever, non sans peine, et parvenir aux sommets.
Un beau récit qui laisse une impression profonde.

Éditions des Offray, 2023, 102 pages.