mardi 19 mars 2024

Le poète de la vie ordinaire

Un beau pavé de 500 pages pour une biographie : il n'en fallait pas moins pour raconter Une vie de Charles Bukowski, écrite par son ami de longue date, le poète Neeli Cherkovski.
Très détaillé, donc, ce long récit s'appuie sur des souvenirs, des entretiens entre les deux hommes ou sa riche correspondance, et c'est vraiment passionnant.
Neeli Cherkovski rend l'auteur culte attachant, en tout cas, il en révèle toutes les qualités, sans oublier ses côtés sombres (dont ses beuveries sans fin et sa jalousie maladive). Et bien sûr, il met la poésie à l'honneur car celui qui s'est construit un personnage de "vieux dégueulasse" a révolutionné le genre.
Je résume les 500 pages. Né en Allemagne en 1920, il est élevé aux États-Unis par un père particulièrement rigide et sadique. Sa mère suit à la lettre les directives de son époux sans prendre la défense de son fils. Cette éducation en fait déjà un être à part.
À l'adolescence, solitaire et extrêmement complexé par son acné dont il gardera à vie les cicatrices sur le visage, il écumera les bars et les bibliothèques où il découvrira les auteurs qui l'inspireront tels que John Fante, Dostoïevski ou Hemingway.

Même au fond du désespoir, sa vision du monde ironique et grinçante, son aptitude à rire, même des situations les plus terribles, lui permirent d'aller toujours de l'avant. Il avait un objectif très précis en tête : vivre de son métier d’écrivain.

Il commence à publier des poèmes et se faire un nom, puis écrit des nouvelles et des romans, ainsi que le scénario du film Barfly. Tous les détails sont dans cette biographie, ainsi que ses relations tumultueuses et arrosées avec les femmes, sauf avec la dernière qu'il épousera et avec sa fille Marina avec qui il était extrêmement patient et attentif.
Un psychiatre de l'armée l'avait parfaitement bien compris : "Bukowski cache une sensibilité extrême sous un masque impassible."

Au Diable Vauvert, 2024, 484 pages.

Lire aussi mes autres chroniques sur d'autres livres de Bukowski, tous édités par le Diable Vauvert :
- Sur l'alcool
- Sur l'écriture
- Deux nouvelles illustrées par Robert Crumb : There's no Business et Bring me your love.

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