Le titre du roman de Joëlle Bault, Trois âges, est inspiré d'un poème d'Anna Akhmatova : "Les souvenirs en nous vivent trois âges".
Ce sont trois âges de la vie d'une femme.
De l'enfance à l'âge où les parents ont disparu, en passant par l'âge adulte, les années défilent, de fillette et fille à femme, en passant par tante et amie. L'amitié a, en effet, une grande et belle place dans ce roman que l'on sent très autobiographique.
D'abord on se laisse porter par une écriture fluide et précise, très
juste et sensible, où chaque mot est à sa place, par opposition à la narratrice qui
ne se sent pas toujours à sa place.
Le texte est parsemé de phrases en italique, comme soulignées.
Née fille. On tente de ne pas le devenir ou de le subir le moins possible.
Même si chaque vie est particulière, on peut se retrouver dans ce récit, surtout en tant que femme car, par petites touches délicates mais affirmées, le texte est, en filigrane, un manifeste féministe.
Joëlle Bault nous plonge dans cette sensation de flottement à la recherche d'une voie, souvent contre les injonctions familiales, sociétales et professionnelles, et face à une injustice patriarcale. Il y a parfois un décalage entre ce qui est demandé et ce qui est permis.
Il s'agit, par exemple, de ces pressions pour être en couple, "se caser" (trouver sa case), avoir des enfants... auxquelles la plupart des femmes sont confrontées.
Dans nos parcours professionnels, il y a ce fameux plafond de verre qui fait qu'on a beau cocher toutes les cases du profil, l'ascenseur n'est pas pour nous. Sans compter qu'il faut sourire malgré les caprices, sautes d'humeur et comportements sexistes (mais bien sûr, nous manquons d'humour et c'est nous qui choquons en soulignant ces agissements).
C'est finalement dans les randonnées de montagne que la narratrice peut enfin s'élever, non sans peine, et parvenir aux sommets.
Un beau récit qui laisse une impression profonde.
Éditions des Offray, 2023, 102 pages.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire