dimanche 14 juin 2020

Giono, furieusement

Disponible début juillet autour du Ventoux
et sur commande.
Alors que nous préparions un superbe (vraiment) numéro d'été des Carnets du Ventoux consacré à Jean Giono, j'achète spontanément Giono, furioso d'Emmanuelle Lambert. Que je lis presque furieusement, fiévreusement plutôt, dès les premières lignes*.
J'ai aussi écrit une chronique de ce livre dans ce numéro et qui est un peu différente de celle que vous êtes en train de lire.
Enfin, l’intérêt de ce numéro superbe et consacré réside surtout dans la participation de quelques membres des Amis de Giono, spécialistes de l'œuvre : Éric Briot, Éric Dautriat, Jacques Mény, Daniel Puravet.
Emmanuelle Lambert écrit ce livre alors qu'elle prépare, en tant que commissaire, l'exposition sur l'écrivain qui s'est tenue au MuCEM il y a quelques mois. Cette biographie-essai est aussi traversée de réflexions autobiographiques de l'autrice : sa Provence à elle, comment elle a connu Giono, en classe, alors qu'elle n'avait "strictement rien compris". Oui, nous sommes parfois trop jeunes pour apprécier toute la poésie et la profondeur d'une œuvre mais, comme elle le dit : "Seul comptait le contact primitif avec la beauté, qui n'est pas affaire de compréhension".
J'ai marqué, souligné, bien des phrases dans ce Giono, furioso : signe qu'il est inspirant et donne envie de (re)lire l'écrivain, auquel je n'avais probablement pas tout compris moi non plus, mais je me souviens parfaitement des lectures, alors que j'étais adolescente, de Regain et de Un de Baumugnes qui laissent encore des traces aujourd'hui.
La fille de l'écrivain, Sylvie Durbet-Giono (dont un entretien figure également dans le numéro superbe et consacré) aurait dit du livre d'Emmanuelle Lambert : "Vous m'avez restitué mon père vivant. Il n'y avait qu'une femme pour écrire ce livre". C'est dire toute la sensibilité qui surgit des pages pour capter le Giono qui se cache à peine entre les lignes, lui qui écrivait : "Ce que j'ai à dire je l'écris, le reste c'est zéro".
*On dit de lui, c'est un solaire. Un amoureux des hommes, des bêtes et de la nature, aux jambes plantées droit dans la terre. On dit, Giono, sorcier de la langue, conteur, poète traversé de légendes comme on en racontait au pays lorsqu'il était enfant. Elles sont des temps lointains, des origines où l'on croyait au cosmos.
Éditions Stock, 2020, 224 pages.

vendredi 12 juin 2020

La chronique est-elle un art ?

Voici une chronique de chroniques ou plutôt d'une collection. En effet, les éditions Louise Bottu lancent une nouvelle collection, nommée Alcahuete, consacrée à la chronique littéraire.
Des livres qui parlent (par écrit) d'autres livres. C'est souligner son amour des livres et transformer en livre des textes épars publiés souvent sur internet. Et les livres de Louise Bottu sont toujours beaux, agréables au toucher et au regard. C'est un bel hommage à ce travail acharné de quelques passionnés (dont je suis) qui s'évertuent (depuis bientôt 10 ans pour ce blog et bien avant pour d'autres journaux moins intimes), alors que personne (ou presque) ne leur demande rien, à faire part de leur avis textuel. Je ne peux que souligner la belle idée.
Il paraît que la critique est un genre littéraire. Qu'en est-il de la chronique, genre plus libre et personnel ? Loin de moi l'idée de répondre à la question, mais quelques textes fort intéressants en fin de ce premier recueil nous éclairent : une Réflexion sur la critique littéraire de Josyane Savigneau ; une présentation de La Cause littéraire par son directeur, Léon-Marc Lévy, et d'autres réflexions de Frédéric Aribit et de Carles Diaz.
Effectivement, du moment qu'il y a écriture, il y a possibilité d'art. Certains articles de presse s'élèvent à ce niveau, d'autres pas. Comme le rappelle l'éditeur, Jean Michel Martinez-Esnaola, "en ces temps de blogs et de réseaux sociaux, l'activité s'est démocratisée. Pour le meilleur et pour le pire." Mais on lit parfois aussi le pire dans des journaux payants et imprimés. Comme quoi.
Le premier recueil de cette collection, donc, est consacré aux chroniques de Philippe Chauché parues initialement dans La Cause littéraire (un site non commercial, accessible et utilisable gratuitement dont l'objectif est de servir la littérature) et revues par l'auteur qui tient également un blog littéraire : Chauché-écrit.
Un recueil très agréable à lire donc, pour comparer son point de vue au mien parfois, découvrir des livres que je n'ai pas lus, d'autres que je ne lirai jamais (notamment celui de Gabriel Matzneff, qu'on ne peut plus lire impunément après avoir lu Le Consentement de Vanessa Springora) mais dont j'étais curieuse de lire ce qu'on pouvait en dire, etc.
Comme je le cite en bas de ce blog, Amin Maalouf le dit parfaitement : "On parle souvent de l'enchantement des livres. On ne dit pas assez qu'il est double. Il y a l'enchantement de les lire, et il y a celui d'en parler".

Éditions Louise Bottu, 2020, 174 pages.