Le titre de ce blog, L'avis textuel de Marie M. a une petite histoire, que voilà.
Cela remonte au début des années 2000. Mon ami André Pangrani avait lancé le journal Le Margouillat, petit frère du Cri du Margouillat, revue mythique de bande dessinée de l'île de La Réunion créée par Boby Antoir. Il souhaitait ouvrir les pages à d'autres courants artistiques que la BD.
Il avait notamment demandé à Pierre-Louis Rivière d'écrire un feuilleton, à Laurent Segelstein de parler d'art contemporain et à moi-même de rédiger des chroniques de livres. Nous avions décidé que je les signerai Marie M.
André me faisait parfois des suggestions de sujets, et m'avait notamment proposé de parler du récit de Catherine Millet, La vie sexuelle de Catherine M., qui venait de sortir et faisait scandale.
J'avais lu Catherine Millet, spécialiste de l'art contemporain et fondatrice de la revue Art Press et, comme beaucoup, j'avais été surprise par l'exposé de ses expériences sexuelles à la cadence infernale. La polémique autour du livre ne faisait bien sûr référence qu'au sujet de fond, sa vie sexuelle, alors que son intérêt est surtout dans sa forme artistique.
C'était la belle surprise du livre : son style, rigoureux et distant, et une réflexion intellectuelle pour le moins originale pour parler de sexe. En effet, en critique d'art, l'autrice ne se contente pas d'énumérer et relater. Elle analyse sa vie sexuelle comme une collection d'œuvres d'art en quatre chapitres (Le nombre, L'espace, L'espace replié, Détails) et l'organise comme une visite guidée de l'innombrable collection d'une obsessionnelle. En littérature, tout est question de style.
Donc, le titre de mon blog vient de cette chronique dans Le Margouillat car, à la fin, pour faire un jeu de mot, j'avais prévu comme chute : "Voilà, c'était l'avis textuel de Marie M."
Mais la phrase avait été coupée à la maquette, prétendument parce qu'elle créait une répétition inélégante avec ma signature qui suivait. J'avais été frustrée en découvrant la suppression à la parution du journal. C'était comme si on m'avait coupé la parole. Aussi, lorsqu'il a été question de trouver un titre à ce blog (que j'ai créé pour faire suite à cette expérience très heureuse et drôle de chroniqueuse littéraire du Margouillat), je me suis libérée de l'unique petite frustration de cette aventure, et j'ai ressorti mon jeu de mot, d'autant que j'allais pouvoir écrire librement, sans qu'on me coupe.
Éditions Points, 2002, 264 pages.
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