vendredi 11 novembre 2022

En expédition scientifique

Voilà une passionnante vulgarisation scientifique, d'autant plus accessible qu'elle passe par le dessin d'Alexandre Franc, sur les extinctions des espèces d'hier, d'aujourd'hui et demain.

Didactique et plaisante à lire, la BD est servie par un scénario fluide et vivant, écrit par un océanographe, Jean-Baptiste de Panafieu.
L'histoire : deux journalistes accompagnent une équipe de scientifiques sur une île de l'océan Arctique où ils sont venus étudier le changement climatique et ses conséquences sur la faune et la flore.
La trame permet de faire passer l'information scientifique, tout en montrant la dimension humaine des chercheurs et leurs conditions de vie sur le terrain.
Une lecture éclairante.

Coédition Dargaud – Delachaux et Niestlé, 2021, 128 pages.

Cette chronique est initialement parue dans le n° 30 du magazine Sans Transition !

Au petit déjeuner, faites ce qu'il vous plaît

Gilles Fumey, chercheur au CNRS fait toute la lumière sur le petit déjeuner dans son ouvrage Feu sur le breakfast !
Il retrace de façon passionnante l'histoire du petit déjeuner à travers les siècles et les habitudes selon les pays, puis comment il a évolué. Il déconstruit les mythes sur ce qu'il doit être ou pas.
Tous les matins du monde ne se ressemblent pas. Par exemple, en Europe du Nord, on mange plutôt salé au petit déjeuner et sucré au Sud, mais pas forcément. En Italie, on ne déjeune pas du tout. En Espagne, il y a un repas spécial en milieu de matinée (el almuerzo). Souvent aussi on traîne et on mange mieux au petit déjeuner le week-end parce qu'on a le temps, quitte à faire un brunch plus tardif.
En fait, l'obligation de prendre un petit déjeuner parce que ce serait le repas le plus important de la journée est une invention de l'industrie agro-alimentaire. D'autant que les aliments tout prêts proposés dans le commerce pour ce repas matinal (céréales, brioches longue conservation, etc.) sont parmi les plus transformés et sucrés. Donc inutile de suivre les injonctions (et craindre les menaces d'hypoglycémie) qu'on voudrait vous faire avaler. Au petit déjeuner, faites ce qu'il vous plait.
Notre corps n'est pas cette machine qu'il faut alimenter comme avec un carburant. Les progrès de la science ont permis de découvrir d'autres phénomènes plus complexes.
Le mieux est de s'écouter : si on n'a pas faim, ou pas le temps, à quoi bon se forcer ?
Un ouvrage instructif et très plaisant à lire.

Terre Urbaine, 2020, 128 pages.

Un néo-rural courageux et lucide

Une enfance sans problèmes dans la classe moyenne, des études à Sciences Po, un job bien payé... L'avenir de Clément Osé semble tout tracé, mais s'avère fort ennuyeux.

De la neige pour Suzanne est le récit plein d'humour et d'intelligence d'un citadin qui se pose des questions sur le monde et sur le sens de sa vie.
Il décide alors de suivre ses convictions écologistes et part vivre à la campagne, dans une ferme collective et décroissante. Il découvre que les travaux manuels et la culture d'un jardin le rendent heureux, malgré la rudesse de ce mode de vie, les écueils de l'autonomie et de la vie en communauté.
On admire son courage. On apprécie sa franchise sur son expérience personnelle. On savoure aussi son sens de la formule.
Un témoignage vraiment intéressant.

Tana éditions, 2021, 224 pages.

Cette chronique est initialement parue dans le n° 30 du magazine Sans Transition !