dimanche 18 juillet 2021

Un grand-père flamand

Pendant plus de trente ans, Stefan Hertmans a conservé sans les ouvrir deux cahiers que son grand-père, Urbain Martien, lui avait confiés quelques mois avant sa mort.
Certes, dans Guerre et Térébenthine, il y a les années de guerre de tranchées de 14-18 que cet homme a vécues comme une épouvante, blessé plusieurs fois, mais aussi des passions, plus ou moins secrètes, des passions amoureuses et celle de la peinture. Urbain avait aussi marché dans les traces de son propre père qui était peintre et avait secrètement semé des clefs dans ses œuvres.
Stefan Hertmans évoque ses propres souvenirs de son grand-père, reprend les cahiers qu'il lui a laissé, va sur les lieux où il a vécu et souffert, et décrypte ses tableaux dont certains révèlent ses secrets.

J'avais décidé de ne lire ses mémoires que lorsque je pourrais y consacrer tout mon temps, partant du principe que la lecture du contenu produirait un tel effet sur moi que j'aurais aussitôt envie d'écrire l'histoire de sa vie, que je devrais me sentir libéré d'autres mots, ne rien avoir à faire, pour me mettre à son service. Mais les années s'écoulaient (...)

C'est un portrait sensible et un émouvant hommage que l'auteur du Cœur converti rend à son grand-père.

Gallimard, 2015, 416 pages (et collection Folio n° 6261).

Un apprentissage de la transition

Hervé Gardette, journaliste et chroniqueur à France culture, raconte dans Ma transition écologique. Comment je me suis radicalisé comment, au fil du temps, en se spécialisant dans l'écologie, il cherche à garder ses distances avec son sujet sans devenir militant.
Tout commence quand la directrice de cette radio publique nationale lui propose cette chronique. Jusqu'ici, l'écologie l'intéressait, forcément, mais de là à en faire sa spécialité...
Malgré tout, il tente le coup. Il nous parle de ses lectures et de sa transformation inéluctable avec beaucoup d'humour et de brio. De ses premiers pas à son mode décroissant, en passant par sa radicalisation et le confinement, ce recueil de chroniques, aborde une multitude de sujets.
Comme un parcours initiatique, il est très agréable à lire.

Coédition Novice et France Culture, 2021, 160 pages.

Cette chronique est initialement parue dans le n° 29 du magazine Sans Transition !

vendredi 16 juillet 2021

Sept ans avec les chevreuils

L'homme-chevreuil
est le récit impressionnant d'un jeune homme qui a vécu en totale immersion dans la forêt normande pendant sept ans.
Enfant déjà, solitaire, Geoffroy Delorme est davantage attiré par la nature que par ses semblables.
Petit à petit, il fait des séjours de plus en plus longs en forêt. Il se rapproche des chevreuils et ils s'apprivoisent mutuellement : « 
Grâce à eux, j'ai appris à survivre dans un environnement hostile. J'ai étudié leur comportement, je me suis calé sur leur rythme. »
En effet, seul humain parmi ces animaux, sans aucun matériel, il apprend à manger et dormir comme eux, en autonomie.
Il leur donne des noms et nous fait entrer dans leur intimité.
Il les photographie, ainsi que d'autres animaux de la forêt : renard, écureuil... Ses superbes photos parsèment le livre.
C'est un véritable plaidoyer pour la sauvegarde de la forêt et de ses habitants.

Les Arènes, 2021, 256 pages.

Cette chronique est initialement parue dans le n° 29 du magazine Sans Transition !

jeudi 15 juillet 2021

Les déchets en BD

Anne Belot nous montre l'envers du décor et les biais cognitifs qui nous empêchent d'agir dans Déchets Land. La face cachée de nos déchets.
Elle fait d'un sujet rebutant une BD clairement expliquée, à la fois essai et guide pratique : très instructive, documentée et super accessible.
Bienvenue dans l'univers impitoyable des déchets et du cerveau qui trie aussi les informations.
Avec des dessins et beaucoup d'humour, le message passe : comment les déchets sont traités (ou pas) et comment nous pouvons agir quand trop c'est trop.
Il y a trop de déchets partout : stockés, incinérés, sauvages, cachés, exportés, recyclables.
Pourquoi trop ?
Pour le profit de certains, bien sûr.
Et comment moins ?
Parce que, heureusement, il y a des solutions, pour la planète et pour le cerveau, en faisant sauter les blocages sans culpabiliser.
Alors la montagne (de déchets) paraît moins insurmontable : on peut aussi consommer mieux et moins.
Résultat : rien à jeter dans cette BD !

Éditions Thierry Souccar, 2021, 232 pages.

Cette chronique est initialement parue dans le n° 29 du magazine Sans Transition !

mercredi 14 juillet 2021

Pour les droits du vivant

Marine Calmet, juriste en droit de l'environnement et des peuples autochtones, milite pour les droits de la nature et des générations futures.
Dans
Devenir gardiens de la nature, elle pointe le vide juridique sur la défense de l'environnement qui autorise l'exploitation, le pillage et la destruction du vivant en toute impunité.
L'autrice raconte son parcours, sa révolte et son engagement en Guyane contre les projets de la Montagne d'or et des forages offshore de Total, mais aussi en Métropole avec son programme de transition écologique par le droit, Wild Legal.
Elle nous invite à devenir gardiens de la nature, à passer à l'acte, à désobéir de façon créative et constructive, à former une nouvelle communauté pour donner des droits à la nature et lutter contre les écocides.

Éditions Tana, 2021, 256 pages. 

Cette chronique est initialement parue dans le n° 29 du magazine Sans Transition !