lundi 29 avril 2019

Des bûcherons dans le bush

Dans son roman Le Bruissement des feuilles, l'Australienne Karen Viggers, vétérinaire de formation, oppose des défenseurs de la nature à des brutes épaisses, dans une petite ville forestière de Tasmanie.
Ces brutes épaisses — tous de sexe masculin, et bûcherons pour la plupart — exercent toutes sortes de violences : entre eux, mais surtout envers les femmes, les enfants, les animaux, la forêt...
Face à eux, des personnages attachants, intelligents et sensibles, tentent de faire changer les choses, de résister en défendant les faibles (enfant harcelé, femmes battues ou opprimées...) et en défendant la nature, c'est-à-dire les végataux et les animaux, domestiques et sauvages — où l'on découvre des animaux endémiques, comme les diables ou les aigles de Tasmanie.
Parmi eux, Leon, jeune garde-forestier fraîchement arrivé, a du mal à faire son trou face aux bûcherons. L'autre personnage principal est Miki, une jeune femme sous le joug de son frère psychorigide et grincheux, sensible aux animaux qui cherche sa voie et sa liberté, influencée par des héroïnes littéraires.
Si les personnages sont quelque peu manichéens, une tension captivante s'installe dans le récit au fur et à mesure des confrontations.
C'est une ode à la nature et à la liberté.

Les Escales, 2019, 432 pages.

samedi 20 avril 2019

La vie sexuelle des légumes

Voilà enfin tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les plantes sans jamais oser le demander avec La vie érotique de mon potager.
Xavier Mathias, formateur en maraîchage et jardinage bio, nous dévoile tout.
Il affirme qu'au jardin tout s'explique par la reproduction. Les plantes ne pensent qu'à ça et développent des trésors d'imagination pour être fécondées. C'est donc avec beaucoup d'humour que ce jardinier coquin partage ses connaissances pointues et ses secrets intimes. Il transmet son plaisir du jardinage, saison par saison, avec des jeux de mots ambivalents pour nous parler de semences, de mottes, d'asperges, carottes, concombres, poireaux et autres légumes phalliques...
On savait que le gingembre avait la réputation d'être aphrodisiaque. On apprend que le céleri l'est aussi, d'où l'adage populaire : "Si la femme savait ce que le céleri fait à l'homme, elle irait en chercher de Paris jusqu'à Rome".
Et pour introduire le sujet, si je puis dire, Anna Gavalda n'est pas en reste avec une savoureuse préface pleine de crudités et de conseils érotiques, à faire rougir les tomates.
Comme quoi, le jardin (et la lecture de ce beau livre) est source de plaisir. Et il n'y a pas que les fleurs et les légumes qui ne pensent qu'à ça. Les jardiniers aussi.

Terre vivante, 2019, 176 pages.

Souvenirs d'adolescence

Après les confessions d'un animateur auprès des enfants un peu foufou et très inventif, dans Down with the kids, Dav Guedin vient de rassembler à nouveau ses Confessions d'un puceau.
Elles avaient déjà été publiées par Aaarg et régulièrement dans la revue de bandes dessinées du même nom, toutes deux disparues et les livres épuisés. Ce sont donc les éditions Rouquemoute qui reprennent le flambeau pour publier l'intégrale, revue et augmentée, dans un très bel ouvrage de luxe, avec couverture cartonnée et dos toilé (dans leur nouvelle collection nommée Top Moumoute).
Les planches sont, pour la plupart, en noir et blanc, avec de nombreuses surprises : des illustrations couleurs, un album-photo personnel de l'auteur, des croquis, des contributions inédites d'autres dessinateurs dont ElDiablo qui signe aussi la préface, etc.
Très beau livre, mais à ne pas mettre entre toutes les mains (enfin pas des enfants trop jeunes), puisqu'il s'agit des souvenirs d'adolescence d'un obsédé sexuel, de ses premières fois et de ses frasques sexuelles plus ou moins réussies.
Bon, je ne suis toujours pas très emballée par le style assez caricatural des dessins de Dav Guenin qui ne fait pas dans la dentelle, mais je dois reconnaître que c'est très travaillé, surréaliste parfois, et bourré de détails imaginatifs.
Sa poésie est dans le texte bien sûr, car ce qui est toujours un bonheur de lecture, c'est le ton de l'auteur, impertinent et sincère (avec le recul, il n'est pas toujours fier de ses aventures et l'avoue), donc touchant et drôle.

Éditions Rouquemoute, collection Top Moumoute, 2019, 136 pages. 
Le blog des Frères Guedin.

mercredi 3 avril 2019

Le bonheur est dans la nature

Mon hors-série Géo sur les bienfaits de la nature — Le pouvoir extraordinaire des arbres. Ce qu'ils nous apportent — en vente chez tous les marchands de journaux d'avril à juillet 2019.
Un bel ouvrage avec de belles illustrations et photos, ainsi que des surprises en cadeau (3 affiches, 12 cartes postales à découper), des citations inspirantes de scientifiques, écrivains, poètes, sportifs... dont Philippe Annocque,  Jean Giono, Philippe Jaccottet, Jacques Lacarrière, Jacques Prévert, Marcel Proust, Hubert Reeves, Junichiro Tanizaki, Henry David Thoreau, et même Zinédine Zidane !

Hors-série Géo - éditions Prisma Media, Marie Martinez, 19,5 x 27 cm, 2019, 144 pages. 

Voir aussi mes autres ouvrages sur le même thème :
- Quand les arbres nous inspirent, éditions Géo, photos couleurs, 23 x 32 cm, 224 pages.
- Se ressourcer toute l'année avec les arbres, éditions Prat Prisma, 2019, 15,5 x 21 cm, photos couleurs, 224 pages.
- Ateliers Bains de forêt, éditions ESF, 2019, 17 x 22 cm, 128 pages. 
- Ressentir les bienfaits des arbres, hors-série Ça m'intéresse, 16,5 x 22 cm, 2019, 208 pages.

lundi 1 avril 2019

Recherche travail désespérément

Avec une superbe illustration de Rémi Boulnois
(les pissenlits sont une fantaisie
de la photographe / MM). 
Après son inénarrable Clonk et ses dysfonctionnements, Pierre Barrault nous entraîne à nouveau dans une quête loufoque, absurde et désespérée : L'aide à l'emploi.
Sommes-nous dans un rêve ou un cauchemar, dans un texte oulipien ou tout simplement dans l'univers tragi-comique et poétique de Pierre Barrault ?
Le titre annonce la couleur pour qui a eu affaire aux méandres et parcours parfois ubuesques ou burlesques de l'administration — et de leurs conseillers — de la recherche d'emploi. C'est un sujet rêvé (ou cauchemardé) pour l'auteur.
Le narrateur au nom aussi fantaisiste qu'imprononçable, Artalbur, n'a pas envie de travailler et en fait des cauchemars, s'emmêle entre recherches et modes d'emploi.
Où il est aussi question de cafés et de bains qui coulent, d'éponges, d'intestin trop long, de bracelet électronique et d'impossibilité de quitter la ville...
De même que l'auteur oulipien est "un rat qui construit lui-même le labyrinthe dont il se propose de sortir", Artalbur semble refuser le système du travail qui s'apparente à une course de rat de laboratoire, vide de sens. Il se réveille en sursaut et ainsi nous surprend à chaque virage/page avec ses péripéties délirantes où la réalité anxiogène de la vie n'est pourtant jamais très loin.

Éditions Louise Bottu, 2019, 154 pages. 
Le blog de Pierre Barrault