jeudi 2 janvier 2025

Sur le divan

Bienvenue en thérapie, de la psychanalyste Hélène Vecchiali, se lit presque comme un roman, car c'est un essai accessible et passionnant qui s'appuie sur des exemples, vrais et de fictions.
Les 17 histoires de psychanalyse se sont déroulées dans son cabinet et se finissent bien, ce qui est assez réjouissant. Mais l'autrice précise bien, dans son introduction, que la "guérison" n'est pas toujours aussi évidente en thérapie. Parfois, le patient n'arrive pas à plonger dans son inconscient et à saisir les opportunités pour "dénouer" son mal-être.
À la suite de chaque récit, l'autrice replace le cas particulier dans un contexte général et théorique, en expliquant le trouble et son fonctionnement.
Enfin, pour illustrer, elle prend ensuite un exemple de fiction qu'elle analyse. On se rend compte que le cinéma n'est pas toujours très réaliste avec les troubles mentaux et leur résolution.
La psychanalyste souligne le courage des personnes, enfants et adultes, qui viennent jusqu'à elle. Son livre dévoile de ce qu'il se passe dans un cabinet de thérapeute et permet ainsi de clarifier les fantasmes et apaiser les craintes de ceux qui n'ont jamais oser franchir la porte d'un psy (deux Français sur trois).

Larousse, 2024, 320 pages.

vendredi 27 décembre 2024

Les arbres sacrés

L'arbre, cet être vivant qui plonge ses racines dans la terre et s'élève vers le ciel, est sacré dans bien des cultures dans le monde. Impressionnant par sa taille et sa longévité, sa présence est bénéfique.
L'autrice et ethnobotaniste Aurélie Valtat nous emmène, à travers tous les continents, découvrir 25 essences vénérées ici ou là : du chêne européen au cerisier japonais en passant par le baobab malgache.
Une exploration des rituels et légendes qui entourent les arbres, avec de superbes photos à l'appui.

Eyrolles, 2024, 208 pages.

Voir aussi le film La Puissance de l'arbre de Jean-Pierre et Anna Duval avec l'ingénieur forestier Ernst Zürcher auprès des arbres remarquables suisses. 



mardi 26 novembre 2024

Dans les arcanes de l'édition

Pascal Bresson s'inspire du roman de David Foenkinos, Le mystère Henry Pick, pour le scénario de la bande dessinée du même nom. Les dessins sont d'Ilaria Tebaldini.
L'histoire se passe dans le monde de l'édition.
Une éditrice passionnée, qui travaille chez Grasset (l'éditeur de Foenkinos), publie un jeune romancier qu'elle trouve talentueux.
Ils tombent amoureux et s'installent ensemble. Malheureusement, son livre est un échec.
Elle trouve ensuite un manuscrit génial dans une bibliothèque qui reçoit les manuscrits refusés (à condition qu'on vienne les déposer en personne). L'auteur, le fameux Henri Pick, est mort mais cachait bien son jeu. En tout cas, il n'a pas le profil d'un écrivain.
Le livre rencontre un grand succès. Mais un critique littéraire enquête car il ne croit pas à cet auteur.
Qui est le véritable et mystérieux écrivain ? 
La morale de l'histoire n'est-elle pas que le succès d'un livre ne tient pas toujours à son texte mais à l'histoire qui plane autour ?

La Boîte à bulles, 2024, 168 pages.

Deux Nothomb, deux ovations

Elle écrit plus vite que son ombre, au creux de la nuit, et ne publie que le quart.
Franchement chapeau ! (c'est le cas de dire, eu égard à sa collection).
L'impossible retour est le récit d'un voyage avec une amie française, la photographe Pep Beni, qui a gagné un séjour d'une dizaine de jours au Japon pour deux et a décidé de prendre Amélie pour guide.
Ce périple est rocambolesque et plein d'humour, bien que source d'angoisses et d'émotions.
La quatrième de couverture est aussi brève que juste : 

"Tout retour est impossible, l'amour le plus absolu n'en donne pas la clef."

C'est une variation de son roman La nostalgie heureuse, récit romancé d'un autre retour au Japon. 

Dans cet élan de plaisir de lecture, je m'attaque à Psychopompe.
Là aussi, la quatrième de couverture est parfaite :

"Écrire, c'est voler."

Où Amélie Nothomb nous raconte sa passion pour les oiseaux depuis l'enfance et son fantasme de voler, qu'elle a sublimé dans l'écriture.
Je serai aussi brève que ces quatrièmes : bravo !

Albin Michel, 2024 et 2023, 160 pages.

Lire aussi mes chroniques sur :
- La Nostalgie heureuse ;
- Une forme de vie.

lundi 18 novembre 2024

L'énergie dans l'assiette

Et si la fatigue venait de notre alimentation ? Ou plutôt si notre vitalité dépendait aussi de ce que nous mangeons ?
La cheffe Émilie Félix propose, dans L'énergie, ça se cuisine, de booster notre énergie avec une approche originale en cinq étapes, et des conseils simples.
Elle se base sur des principes ancestraux et multiculturels et vise le bien-être de tous, à tous les âges. Elle nous aide à comprendre ce que signifie manger et à faire le lien avec l'énergie vitale.
Il ne s'agit pas d'un livre de recettes, mais plutôt d'une autre façon, par exemple, de cuisiner, de découper (avec des schémas) et cuire les légumes.
Les cinq étapes sont : bien sélectionner et acheter ses produits, notamment selon la saison ; bien les conserver (avec des conseils sur la macération, la déshydratation, la congélation... ; bien les transformer, donc les découper, les cuire et les associer avec d'autres aliments.
Et pour finir les déguster d'une certaine façon et en fonction d'un repas, d'une année, d'un trouble particulier et dans un certain ordre de façon à faciliter la digestion, par exemple.
C'est une bible de l'alimentation, très instructive et passionnante, avec beaucoup d'illustrations.
Comme le disait Hippocrate : "Que ton alimentation soit ta meilleure médecine."

Le Cherche Midi éditeur, 2024, 336 pages.

lundi 21 octobre 2024

Ah ! ça ira

Laure Murat découvre, en lisant Proust, que sa famille aristocratique a servi de modèle à l'écrivain (et certains membres y figurent sous leur propre nom). Il a, en effet, été reçu par ses arrières-grands-parents.
En rupture avec son milieu, l'autrice est considérée comme une "fille perdue" pour cause d'homosexualité.
Mieux encore, elle trouve, dans À la recherche du temps perdu, une consolation car il décrit comme personne les siens où tout n'est qu'apparence et représentation, codes et rituels, traits d'humour et bons mots... sans jamais rien dire. C'est le règne de la mise en scène et de l'hypocrisie, du grand vide.
Elle décode au fil des pages de cet essai, Proust, roman familial, ce que représente sa famille et sa propre expérience.
Elle clame son amour de la littérature — et surtout de Proust qu'elle lit entre réalité et fiction. C'est une révélation et une libération car il lui donne les clés pour s'affranchir de cette caste et de ce qu'on attend des filles de sa lignée : se marier et avoir des enfants.
De sa vie personnelle, elle ouvre les portes vers l'universel et l'émancipation possible de chacun.
Elle ne manque pas d'humour et de bons mots, et son propos fait sens.

Le livre a reçu le Prix Médicis de l'essai 2023 et le Prix Jean d'Ormesson 2024.

Robert Laffont, 2023, 252 pages.

dimanche 20 octobre 2024

Les mets et les mots

Ryoko Sekiguchi, dans La terre est une marmite, s'interroge sur notre rapport à la nourriture avec ce petit pas de côté qui dérange un peu ou surprend, comme quand elle imagine quel goût pourrait avoir son propre corps !
Elle s'adresse aux enfants dans ce texte de conférence et n'hésite pas à mettre les pieds dans les plats pour mieux nous faire réfléchir.
Son grand-père était éditeur et sa mère dirigeait une école de cuisine. Donc l'autrice se sent héritière des deux domaines : les mots et les mets.
Traductrice, elle navigue entre les langues et les cuisines, car chaque culture culinaire a son langage et sa grammaire.
Elle affirme que la nourriture nécessite d'être nommée, que tous les plats ont des noms, même si on les invente. Parfois, le manque d'habitude ou la façon de nommer peut changer notre "vision", notre goût, nos sens.
Entre philosophie et poésie, une façon étonnante de voir, goûter et comprendre ce que nous mangeons.

Bayard, 2024, 90 pages.