Une anthologie de textes inédits Sur l'alcool de Charles Bukowski ? Autant dire qu'il y a de la matière : poèmes, extraits de nouvelles, d'entretiens, de lettres, et même des dessins, copies de manuscrits et photos.
L'écrivain américain d'origine allemande (né à Andernach en 1920) aurait eu cent ans cette année. C'est l'occasion de le célébrer, éventuellement avec un verre à la main, de préférence avec ce livre : Sur l'alcool.
En effet, durant une grande partie de sa vie, l'alcool a été un thème récurrent de son œuvre (entre autres), un compagnon de route, un carburant, une façon de survivre à une vie de misère.
Je ne pense pas que j'aurais pu supporter un seul des boulots merdiques que je me suis coltinés dans tellement de villes de ce pays sans savoir que je pouvais revenir dans ma piaule et picoler pour relâcher la pression, regarder les murs s'incliner, le visage arriéré du chef d'équipe disparaître, sans perdre de vue que ces ordures se payaient mon temps, mon corps, mon âme, pour quelques centimes pendant qu'eux vivaient la grande vie.
En France, nous gardons notamment en mémoire son passage agité à l'émission Apostrophes où il éclusait au goulot des bouteilles de vin (voir la photo de la couverture du livre). Il en fait le récit dans un extrait de Shapespeare n'a jamais fait ça. D'ailleurs, il ne se souvient pas de grand-chose de la soirée. Avec sa désinvolture habituelle, ses histoires, récits de débauche et déboires se terminent souvent par un verre de plus et une bonne dose d'humour.
Si la poésie de Bukowski nous enivre,
l'abus de ses beuveries littéraires pourraient donner la gueule de bois. Comme toute anthologie, ce livre ne se lit pas d'une seule traite mais se déguste à petites gorgées, pour l'humour et le style habituel de l'écrivain (lire aussi chez le même éditeur Sur l'écriture).
Pour autant, cette anthologie n'est pas une apologie de l'alcool car Bukowski finit par réaliser en 1992, alors qu'il a 72 ans, qu'il n'a pas moins de talent lorsqu'il ne boit pas, comme il l'écrit à son éditeur John Martin :
Sobre cette nuit. Je pense que j'écris aussi bien sobre que bourré. M'aura pris un bon bout de temps pour m'en rendre compte.
Au Diable Vauvert, traduit de l'anglais (États-Unis) par Romain Monnery, 2020, 384 pages.
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