Deux ans déjà que Charles Gobi n'avait rien publié ! Cela nous manquait, car il nous avait habitués à son roman annuel depuis Le Bar de la Sidérurgie, le premier de la série, qui a fait l'effet d'une bombe dans le roman noir marseillais.
Voici donc le petit dernier, le septième, qui a de qui tenir dans la famille. Les fans (ceux qui ne le sont pas encore le deviendront) vont être servis.
Charles Gobi fait partie des meilleurs dialoguistes marseillais, hissant l'art de la galéjade à son sommet humoristique. Ses dialogues truculents, aussi réalistes que drôles, plus vrais que nature, comme enregistrés sur le vif, souvent dans un langage fleuri ou bourré de jeux de mots, parfois tellement lourds qu'ils en sont irrésistibles et parfois tout simplement légers et poétiques. La première scène, sous forme de conversations entrecroisées lors d'un mariage, vaut son pesant de cagoles.
On l'aura deviné, une des expressions qui revient le plus est Fatche de ("face de..." pour les non occitanophones).
On passe aussi des références musicales populaires comme la Danse des canards à Philip Glass, un contraste qui tient du grand écart acrobatique et fait tout le charme du style de l'auteur, qui joue ainsi sur l'effet de surprise.
Nous sommes toujours à Marseille dans le quartier, sans intérêt
touristique mais haut en couleurs, de Pont-de-Vivaux et la cité de la
Sauvagère, où on discute de foot, on joue à la belote et à la pétanque,
un quotidien tranquille si l'on n'avait pas des aventures à résoudre. Et
cette fois-ci, il s'agit de trouver des compagnes aux uns et aux autres,
entre autres bagarres tarantinolesques.
On y retrouve les mêmes personnages au passé plus ou moins cocasse (ancien curé, anciens légionnaires...) mais pour les lecteurs qui découvrent cet univers impitoyable, cela n'entravera pas leur lecture car ils sont à nouveau présentés. Nos héros, pas toujours raccords avec la loi mais bien intentionnés, vont devoir se coltiner d'autres personnages beaucoup moins altruistes. Normal : il faut bien une histoire avec les gentils qui finissent par terrasser les méchants, qui sont généralement bas du plafond, très menaçants et n'inspirent pas l'admiration. Et ça finit en baston, en feu d'artifice, devrais-je dire, car la vengeance — ou la justice — est toujours cinglante et sanglante. Et même si, en connaisseur du style de Charles Gobi, vous vous doutez que la fin heureuse sera du côté des gentils, le suspense est au rendez-vous.
D'ailleurs, je ne comprends pas qu'aucun producteur ne se soit penché sur une version théâtrale ou cinématographique de ces romans. En plus, il y a maintenant de quoi faire une série. Quentin (Tarantino), si tu me lis...
Éditions Le Confort numérique, 2019, 238 pages.
Pour acheter les livres, lire des extraits, consulter la liste des librairies qui les vendent, consultez le site de Charles Gobi.
* Chaque roman peut se lire indépendamment :
- Le Bar de la Sidérurgie
- Les Goudes, c'est de l'anglais...
- Hercules des Trois Ponts
- Chemin des Prud'hommes
- Il est pas con, ce con ?
- La grosse Janine.
un vrai bonheur cette saga ! à chaque nouvelle sortie je relis les tomes précédents !
RépondreSupprimerOn devrait créer un fan club !
SupprimerFan depuis le premier livre, j'ai l'impression qu'ils font au quotidien partie de ma vie... et j'aimerais bien! Je suis Gobi addict!
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