samedi 1 avril 2023

L'écriture comme une renaissance


Dans Karen et moi, Nathalie Skowronek* nous invite à découvrir, à travers la vie flamboyante de Karen Blixen, comment la littérature peut être une véritable source d'inspiration. Elle mêle les parcours de la femme de lettres danoise et de la narratrice.
Rappelons que Karen Blixen a notamment écrit La Ferme africaine, un récit d'abord publié sous un pseudonyme masculin, et dont s'est inspiré Sydney Pollack pour son film Out of Africa.
Alors qu'elle était une jeune femme au début du XXe siècle, Karen s'étiolait dans son milieu aristocratique danois. Elle trouve une échappatoire avec la rencontre d'un baron suédois — un aventurier volage qui chasse toutes sortes de gibiers — et le suit au Kenya pour cultiver le café.
En Afrique, elle s'épanouit enfin. Mais, comme la mère de Marguerite Duras dans Un Barrage contre le Pacifique, elle se bat seule et finit par capituler contre ses terres qui n'offrent pas les conditions nécessaires aux plantations.
La narratrice de Karen et moi est fascinée depuis l'enfance par la vie de cette femme de lettres extraordinaire. Elle entreprend l'écriture de sa biographie et part sur ses traces, en Afrique et au Danemark.
Elle voudrait, elle aussi, fuir le parcours que son milieu semble lui imposer et vivre enfin la vie dont elle rêve.
C'est un parcours initiatique émouvant où littérature et écriture offrent une source d'inspiration et permettent une véritable renaissance.

Thomas croit au talent de sa sœur ; il ne cesse de lui répéter qu'elle ne se sauvera qu'en plaçant l'art au centre de sa vie.
— Tu as les moyens de transformer ta souffrance en matière féconde, lui dit-il. Écris, Tanne, écris.
Karen le sait, bien sûr. Tout son être le lui dit. Mais il reste encore à Karen à plonger et faire sienne cette phrase de Van Gogh : « Dans la peinture, je ne cherche que le moyen de me tirer de la vie. » Cela ne saurait tarder. Car ce n'est que lorsqu'on n'a plus rien à perdre que l'art peut commencer. Karen y est. Tout en bas de l'échelle, elle qui a tant eu conscience de son rang.

Arléa, 2013, 176 pages.

* Nathalie Skowronek est élue à l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique.

L'édition originale avec le portrait de Karen Blixen.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire