Marguerite Duras exerce une telle fascination qu'elle laisse encore une empreinte, des liens et des traces, des chemins qui se prolongent et s'enchevêtrent, vers des secrets impossibles, vers des abîmes de vide après sa mort.
Son dernier compagnon, Yann Andréa, jouait auprès d'elle, entre autres, le rôle de muse au service de la littérature, pour qu'elle puisse écrire ses derniers livres et pièces de théâtre, réaliser ses derniers films.
Et à son tour, l'éditrice Maren Sell a joué ce rôle auprès de Yann, pour l'inciter à écrire encore, avec des "exercices de survie", des échanges de feuillets, et ainsi le soutenir, le sauver peut-être, mais aussi se rapprocher de lui.
Après Cet amour-là, qui fut un succès, et Ainsi, ce dernier livre, L'histoire, les complète, éclaire certains mystères. Une relation intime est née au-delà de ce travail entre l'éditrice et son auteur capricieux, immature ou tout simplement dépressif.
C'est leur histoire à eux, écrite à deux, par chapitres alternés, imbriqués. Il écrit sa vacuité, son manque d'inspiration sous forme de poèmes, assis sur les banquettes rouges des bars de Saint-Germain-des-Prés, devant des verres de vodka-orange. Elle raconte leur histoire, leur folie d'il y a plus d'une dizaine d'années déjà et qui n'a pu être publiée que maintenant, après la mort de Yann et surtout celle du mari de l'éditrice. Et entre eux deux, la présence de Marguerite est palpable encore.
Dans l'esprit de la maison Pauvert, que Maren Sell a longtemps dirigée, ce livre transgresse la routine, le conformisme et les convenances.
Éditions Pauvert, 2016, 232 pages.
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