samedi 17 décembre 2016

Comment Sfar parle de son père

Joann Sfar fait partie de ces gens boulimiques de travail. Il appelle ça le "complexe de Shéhérazade". Si tu ne lui racontes pas une histoire qui lui plaît, le sultan va te tuer. Et en plus, qui excellent en tout : il est dessinateur, cinéaste et romancier. Forcément, ça énerve et ça force l'admiration.
Son roman ou récit, Comment tu parles de ton père, est un hommage à son père mort récemment, mais aussi à son grand-père Arthur et sa mère morte bien avant, alors qu'il n'avait pas encore quatre ans.
Ce texte tragi-comique, qui passe de l'émotion à la pirouette avec gravité ou légèreté, agace un peu au début, mais relève le défi.
Joann Sfar s'interroge sur les autres en général, son père et lui en particulier, nous fait part de ses culpabilités, névroses, réflexions sur le sens de la vie. Il se livre et finit par toucher.
Je fais ce livre pour ne plus avoir de colère contre rien. Pour demander pardon à Sandrina des choses que j'ai gâchées. Pour dire enfin à ma fiancée, car c'est une certitude, que là où je me trouve, je sais que je me connais bien. Ça date de la mort de papa. J'ai compris en un clin d'œil que je n'allais devenir ni un Don Juan ni un religieux. Au tarot, je n'ai pas les mêmes cartes de vie que mon père. Ça oui, je crois que c'est une prise de conscience que font tous les fils : on a peur qu'à la mort du père, ses fantômes nous envahissent. Et ça n'arrive jamais. Nous en sommes un écho. Une réaction, parfois inversée. Mais n'en déplaise aux freudiens, la redite, c'est très rare.
Albin Michel, 2016, 160 pages.

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