Les cahiers reliés sortis de leur étui. |
C'est ensuite à tâtons, par petites touches, que l'on avance dans le texte tout aussi délicat, mystérieux, qui ne se livre pas tout de suite.
La couverture est un étui. |
Le narrateur est un personnage insaisissable, peu impliqué, hésitant, indécis, qui pense une chose et son contraire, raconte avec distance des événements ordinaires : un stage, une grève, des vacances... Il compose avec les autres et compose avec lui-même.
Il évoque des souvenirs de fruits, mais sans appétit ni grand plaisir car jamais aussi bons que mangés sur l'arbre, même véreux, parfois sortis d'une boîte. Ils ont le goût de la nostalgie, d'un passé en décomposition, comme ces vanités auxquelles fait référence le titre du livre, ces natures mortes ou allégories de la mort et du temps qui passe...
Et puis, un jour, c'est la révélation : le narrateur entre dans un musée presque par hasard — parce qu'il pleut et parce que l'entrée n'est pas chère — et se découvre une passion pour les œuvres d'un certain Aerts, artiste méconnu qui peint surtout des pommes.
Aerts disait, Si tu peux peindre une pomme tu peux tout peindre. Mais alors, il n'y a plus de nécessité de peindre autre chose. Si tu as peint une pomme tu as déjà le monde devant toi... Il est impossible de tout regarder, mais si tu regardes bien une chose, tout le reste est inclus. Et ce qu'on regarde est moins important que comment on le regarde...Il est donc question de fruits, de couleurs, de peinture (Cézanne, Warhol, Arcimboldo...), de compositions et de décompositions, de contemplation... jusqu'au tableau final, le chef d'œuvre d'une vie.
L'atmosphère mystérieuse persiste encore longtemps après la lecture, avec ces questions existentielles que le texte inspire sans les poser directement : la vie, quelle vie, pourquoi, comment... à la manière des vanités.
Éditions L'Ire des marges, 2017, 208 pages.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire