Le répondeur de Luc Blanvillain démarre comme une comédie avec un scénario original et rocambolesque : un écrivain, qui a besoin de
calme pour écrire, confie son téléphone à un imitateur pour répondre à
sa place.
Comme l'imitateur ne remplit pas les salles, il accepte la mission, délicate mais bien payée. Il se glisse dans la voix et la vie de l'écrivain, jongle comme il peut avec les appels, improvise, tire des ficelles sans trop savoir où il met les pieds (d'autant qu'il marche sur des œufs), y met du sien, accorde peut-être plus de temps et d'attention aux autres, ment parfois et, forcément, bouleverse la donne, frôle parfois le désastre.
Il recompose des dialogues avec le père, la fille, l'ex-femme, l'ami trompé, etc. Mais peu importe puisque la plupart des interlocuteurs se racontent leur propre
histoire, se moquent de la réalité, ne parlent que d'eux et n'ont envie
que d'une chose : qu'on parle d'eux. Pourvu qu'à l'autre bout du téléphone, il y ait une voix, en guise de miroir.
La situation se complique lorsque l'imitateur tombe amoureux de la fille de l'écrivain, qui est peintre, et se met à jouer sur plusieurs tableaux, au sens propre comme au figuré.
Au fil des pages le ton se fait plus grave et la comédie devient
une satire des temps modernes, de l'ère de la communication (vraiment ?) et de la
célébration de la célébrité dans un milieu artistique où gravitent des écrivains, un éditeur, une
attachée de presse, un traducteur, une peintre, une galeriste, une
costumière, un directeur de salle de spectacles, des journalistes...
Le répondeur dessine une vision profonde et ambivalente
des relations humaines qui se dédoublent entre réalité, impostures, projections et coups de théâtre.
Un roman qui a du répondant !
Quidam éditeur, 2020, 260 pages.
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