Karyn Nishimura-Poupée, journaliste installée au Japon depuis plus de vingt ans, connait comme sa poche ce pays qu'elle aime et où elle a fondé une famille. (lire aussi la chronique sur un de ses livres précédents sur Les Japonais)
En tant que journaliste, elle s'intéresse depuis longtemps aux douleurs cachées, aux peines et tourments. Elle a enquêté sur des centaines de sujets et nous fait part de son point de vue, avec des exemples édifiants à l'appui.
Elle décortique ainsi, avec une grande précision, les travers de la vie politique, commerciale, journalistique, judiciaire, éducative, culturelle, etc. Sans oublier la place et la vie des femmes, des LGBTQIA+, des enfants, des personnes âgées, des étrangers...
Si la pression sociale permet que tout fonctionne très bien, les fonctionnements particuliers du Japon génèrent aussi des dérives, voire des failles énormes. C'est le revers de la médaille.
Il y a notamment cette particularité — une règle de vie — où personne ne doit se distinguer, sous peine d'être mis au ban de la société. Du coup, rares sont ceux qui sortent du lot, osent contredire, protester ou bousculer l'ordre établi.
Chacun joue son rôle sans improvisation et sans exprimer son avis personnel : les consignes sont scrupuleusement suivies. Cela entraîne un risque de déshumanisation de la société où tout est trop normé et figé.
Autant dire que Karyn Nishimura-Poupée met un grand coup de pied dans la fourmilière. Elle court d'ailleurs le risque, en s'exprimant de la sorte, de se voir ostracisée. Mais c'est son rôle de journaliste d'informer, de prendre du recul et de critiquer. Bravo !
Éditions Tallandier, 2023, 352 pages.
Les Japonais, éditions Tallandier, Collection Texto, 2012, 664 pages.
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