La rentrée sans changement, c'est un peu déprimant. La routine me fatigue. Dès lors qu'on s'attaque à un nouveau projet, cela devient plus stimulant. Et s'il suffisait de changer seulement quelques éléments pour vivre différemment ? Peut-on changer de vie ou se contente-t-on d'approfondir ou de se réorienter en fonction de sa nature profonde ?
Anne Ducrocq, dans Le courage de changer sa vie, interroge une dizaine de personnes qui ont radicalement changé de vie. Je pense plutôt qu'elles se sont débarrassées d'une éducation ou d'une culture — comme d'une mue trop étroite — pour révéler une personnalité plus vraie, plus honnête envers elles-mêmes, plus réelle. "Partir, c'est affronter le réel", affirme Jacques Arènes.
Les entretiens, profonds et touchants, retracent les parcours initiatiques de ces témoins qui ont vécu des épreuves, des départs, des ruptures de parcours, et se sont battus contre la fatalité.
Une alpiniste de haut niveau décide de ne plus courir après les exploits mais encourage des enfants malades à se dépasser. Un frère carme évoque sa traversée du désert et comment il accompagne désormais les autres. Une femme frappée par une attaque de poliomyélite lutte contre son corps immobile. Un photographe italien, spécialiste de la mafia, quitte son pays pour d'autres horizons. Une ancienne droguée raconte sa guérison. Un réfugié politique yougoslave nous fait part de son exil forcé. Une femme renait après son divorce.
Dans la préface, Jacques Salomé cite sa grand-mère : "Le plus difficile n'est pas de découvrir l'Amérique, c'est de quitter l'Espagne !" C'est souvent la peur de l'inconnu qui nous retient.
Et Anne Ducrocq s'interroge : "De quoi avons-nous si peur ? Peut-être, simplement, de notre peur".
Éditions Albin Michel, Collection Espaces Libres, 2004, 204 pages.
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