Mais l'inventeur du procédé littéraire des Je me souviens est l'Américain Joe Brainard avec I Remember, puis I Remember more et More I Remember More, tous traduits et rassemblés dans un recueil chez Actes Sud. Une belle préface de Marie Chaix nous raconte toute l'histoire. Joe Brainard était l'ami de Harry Mathews, autre membre de l'Oulipo, qui fit connaître à Perec la formule magique où les souvenirs de l'un font écho à la mémoire collective. Et ce serait grâce à Paul Auster que l'original a été publié en France, chez son éditeur.
D'ailleurs, c'est grâce à Siri Hutsvedt dans La femme qui tremble que j'ai découvert I Remember car elle cite ce formidable exercice d'atelier d'écriture qui fait aussitôt remonter des souvenirs.
Voici un extrait de ces fragments autobiographiques, plein d'humour, de nostalgie et sans complaisance, de Joe Brainard (page 17) :
"Je me souviens à quel point je bégayais.
Je me souviens, au lycée, comme je désirais être beau et aimé de tous.
Je me souviens qu'au lycée, si vous portiez du vert et du jaune le jeudi, cela voulait dire que vous étiez pédé.
Je me souviens quand, au lycée, je fourrais une chaussette en boule dans mon slip."Éditions Actes Sud, Collection Babel n° 519, 2002, 240 pages.
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