Il a suffit d'un cambriolage, une effraction, pour que la vitre brisée dans le salon de cette dame, apparemment sans histoires, à la vie trop bien rangée, provoque une brèche, un courant d'air dans ses souvenirs.
"Quelque chose du passé s'immisce, peut-être. On ne sait pas pourquoi ce cambriolage fait resurgir quelque chose du passé. Peut-être est-ce un simple accroc dans une vie très lisse, qui dévoile, comme une déchirure sur un canapé montre au-dessous quel tissu le recouvrait avant, qu'il était rouge et doré avant d'être beige et neutre, que ça foisonnait au-dessous, les couleurs, les conversations, les postérieurs posés là de morts depuis des lustres, les verres qui s'entrechoquent et les drames qui se dénouent."Alain Defossé sème de petits cailloux — des pierres précieuses — comme des indices, des secrets soigneusement oubliés, des contradictions mystérieuses, avec une étrange mise à distance. Nous entrons alors, sur la pointe des pieds, dans l'intimité de ce personnage ambigu en passant de la première à la troisième personne. Des témoignages des autres personnages, testes en italiques comme des dépositions de police, on n'en apprendra guère plus.
Un portrait en creux, magnifique, haletant, hanté de trous de mémoire et de cicatrices.
Éditions Fayard, 2015, 200 pages.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire