Le sixième ouvrage suscité par la maison s'intitule Or, il parlait du sanctuaire de son corps. Il réunit les textes de Mathieu Riboulet, cinéaste et écrivain (par ailleurs édité chez Verdier, Gallimard, Maurice Nadeau), et les gravures de Frédéric Coché, également auteur de bandes dessinées et peintre.
Le magnifique texte de Mathieu Riboulet se lit lentement, avec respect et délectation, tant son style est poétique, profond et léger. Limpide. Il pourrait nous entraîner dans n'importe quelle histoire, on le lirait toujours avec un intense plaisir.
Son sujet, justement, est aussi original qu'extrêmement connu puisqu'il est question de cette histoire vieille de deux mille ans, celle de Jésus, et de l'histoire actuelle sur ces mêmes terres où il vécut.
Le texte est une sorte de réflexion, un voyage aussi, sur ce que l'on sait — ou du peu que l'on sait — sur ces événements mystérieux qui ont marqué les esprits, ont été racontés tant et tant de fois et sont parvenus jusqu'à nous. C'est autour et dans les interstices de l'histoire que le texte navigue tranquillement, en insistant sur ces personnages à peine évoqués dans les textes, en marge des noces de Cana ou de la résurrection de Lazare.
On ne sait rien de la naissance ni de la mort, on ne sait rien de la parole ni du pays, sinon que ce dernier, à l'heure où j'écris, est un théâtre où le sang coule dans l'ombre des oliviers, le murmure des eaux rares, le détachement du vent. Le sang épais et tiède des hommes bruns, circoncis, acharnés, léger et pâle des enfants frêles, fluide et chaud des femmes muettes, obstinées, courageuses. Rien ne change, sinon l'échelle.De même, les gravures de Frédéric Coché nous plongent dans un univers onirique, imaginaire, avec des personnages étranges, ou bien des paysages immenses et familiers, comme on pourrait en voir dans les plaines françaises ou bien ailleurs dans le monde. On s'y attarde, on scrute les détails, on cherche à en interpréter les scènes, à en percer les mystères.
Or, il parlait du sanctuaire est un livre singulier, original, rare et précieux, c'est-à-dire d'une grande valeur artistique car tout à fait abordable (14 euros).
Ce n'est qu'un aperçu des Inaperçus, mais assurément cette petite maison d'édition créée en 2011 vaut davantage qu'un simple coup d'œil.
Éditions Les Inaperçus, 2016, 58 pages.
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