De même, le roman, sans chronologie linéaire, va et vient comme les vagues et les souvenirs qui reviennent à la surface, petit à petit, avant de nous plonger dans les profondeurs de son histoire. Pourtant, Laurits prend bien garde à ne pas regarder par les hublots, à ne pas ouvrir ces portes verrouillées sur le passé. Mais les boîtes de Pandore gigognes s'entrouvrent malgré lui, de plus en plus près du cœur, de la raison de sa dérive.
Un drame est annoncé dès le début mais on ne sait pas encore comment le relier à son parcours. Pourquoi ce mal de vivre, cette fuite perpétuelle ? Quelle fissure — crevasse plutôt — dans l'enfance l'a dévié de sa route ? Et ces souvenirs de bonheur trop parfait : quelle tempête les a engloutis ?
(...) quand il avait compris que son existence tout entière était construite sur des sables mouvants, que tout ce qu'il avait jusqu'ici pensé solide et juste n'avait aucun fondement stable et qu'il n'était vraisemblablement pas celui qu'il aurait dû être, Laurits s'était échoué sur les bas-fonds de son âme, affaissé comme une montgolfière prise dans les branches d'un arbre.La musique court tout au long de ce roman et accompagne Laurist le pianiste : elle est son essence même. Une grande musique qui tient le lecteur en haleine jusqu'à la dernière note, la dernière page, quitte à veiller très tard dans la nuit. Mais le sommeil ne serait pas venu avec ce suspense insoutenable.
Éditions Slatkine & Cie, 2016, 256 pages.
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