J'ai ouvert une vieille valise à laquelle je n'avais pas touché depuis plus de cinquante ans. Je l'avais bouclée en déménageant ici rue des Saints-Pères avec Joris, en me promettant sûrement de faire le tri, ce que je n'ai jamais fait. Elle déborde de papiers jaunis, listes de livres à lire que je réclamais et au bout desquelles jamais je n'arriverai, programmes de théâtre, vernissages d'expos, textes politiques, factures de gaz et d'électricité, enveloppes déchirées envoyées rue Condorcet chez ma mère, puis rue de Chéroy, adresse de mon premier appartement dans le XVIIe arrondissement.Et dans cette valise oubliée, Marceline Loridan-Ivens retrouve notamment des lettres d'amour — dont certaines de Georges Perec et Edgar Morin —, avant sa rencontre avec Joris Ivens, l'amour de sa vie.
Elle revient sur ses souvenirs amoureux d'après la guerre et son retour des camps nazis. Car comment aimer après avoir été anéantie par la violence dès 14 ou 15 ans ? Comment exprimer ses sentiments et son rapport au corps ravagé ? Comment simplement oser se déshabiller ?
Marceline raconte dans L'amour après, co-écrit avec Judith Perrignon, son comportement non conventionnel, totalement libre, qui ne se préoccupait pas du qu'en-dira-t-on, à la fois entreprenant et fuyant avec ses amoureux.
Elle se souvient avec beaucoup de franchise, d'audace — sans tabou — et une grande sensibilité.
Un récit passionnant. Un hymne à la vie et à l'amour.
Éditions Grasset, 2018, 162 pages.
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