Un livre d'Éric Plamondon est déjà une bonne nouvelle*, mais un recueil de trois nouvelles, ce sont trois très bonnes nouvelles !
L'auteur nous embarque dans son Québec natal, dans sa langue, dans ses souvenirs et c'est un formidable voyage dans le temps, mais surtout de l'autre côté de l'océan et dans un pays qui peut être glacial.
Oui, la langue est celle du Québec avec ses lots, ses expressions imagées, son parler. C'est elle qui nous plonge littéralement dans cet univers, ce pays et ses habitants.
La première, Aller aux fraises, donne son nom au recueil. Et ce qu'on dit ou pas entre père et fils. Ce qu'on fait ou pas quand on devient adulte. Émouvant.
La deuxième, Cendres, est une histoire que lui a raconté son père, sur une bande de copains qui ont une bonne descente et le cœur sur la main.
La troisième, Thetford Mines, se passe à l'époque où l'auteur vient d'avoir dix-huit ans. Il en profite pour nous raconter un pan de l'histoire méconnue du Québec (un peu comme dans le superbe Taqawan*) et ses mines d'amiante qui ont détruit la santé des travailleurs et le paysage. Et là, après un passage angoissant et magnifique dans une tempête de neige — car Éric Plamondon n'a pas son pareil pour raconter l'hiver et le froid —, surgit une vision magique (je n'en dis pas plus).
J'avais l'impression de m'enfoncer dans la tempête, de plonger en son sein alors que ce n'étaient que les cieux qui passaient au-dessus de moi en balayant toute la Belle Province. Les phares de la Honda Civic creusaient un tunnel dans le blanc des tourbillons de cristaux. Ce n'était plus le véhicule qui avançait mais les éléments qui se précipitaient vers moi.
Allez donc dans une librairie et demandez Aller aux fraises.
Quidam éditeur, 2021, 88 pages.
** Taqawan est cité dans un essai passionnant sur l'écologie et l'environnement dans les œuvres littéraires contemporaines : Littérature et écologie. Le Mur des abeilles, de Pierre Schoentjes, éditions Corti, 2020, 464 pages).
* Lire aussi mes chroniques sur d'autres livres d'Éric Plamondon :
- Taqawan
- Oyana.
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