Oui, il semblerait qu'il n'y ait qu'en France qu'il soit nécessaire de défendre la nouvelle, ce genre qui n'a pas la cote parce qu'il ne fait pas recette.
Mais pourquoi ce désamour ? Certains, comme Belinda Cannone, avancent que la nouvelle a mauvaise presse. Les journalistes et critiques littéraires auraient du mal à résumer un recueil quand les textes passent du coq à l'âne. Donc pas d'articles = pas de ventes.
Ce n'est sûrement pas la seule raison, mais j'ai toujours eu du mal à obtenir des arguments précis et surtout valables (en fait, il n'y en a pas).
Donc les éditeurs rechignent à en publier et, s'ils le font, évitent parfois de le préciser sur la couverture. On préfère annoncer des "fictions courtes", ce qui est, somme toute, une bonne définition.
Sa brièveté permet de la lire en une seule fois. Alors qu'on manque de temps pour lire de vrais livres, la nouvelle devrait être à la mode.
Si on peut la lire vite, il est déconseillé de les enchaîner. Il faut les laisser décanter, voire les reprendre au début pour mieux saisir leur profondeur.
La nouvelle laisse des portes ouvertes au lecteur pour l'inviter à la réflexion (et participer à la création, de même que le regardeur fait le tableau).
Et lire une nouvelle, c'est déjà lire de la littérature. Si c'est bon, c'est bon, que le texte soit court ou long.
Donc oui, il faut arrêter de discriminer les histoires courtes et il faut les défendre.
Lisez ce numéro de Décapage et vous comprendrez.
Revue Décapage, Flammarion, n° 69, printemps-été 2024.
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