
J'ai adoré tous ses livres sur son enfance à Haïti : L'odeur du café, Pays sans chapeau, Le charme des après-midi sans fin... Je lirais Dany Laferrière sans fin : un style simple, lucide, tendre... On y sent l'odeur des mangues trop mûres qui s'écrasent dans le jardin et qui me rappelle une autre île où l'on parle français et créole : La Réunion. On y sent l'odeur du café que sa grand-mère Da buvait interminablement sur sa terrasse. Cependant, la situation politique à Haïti est plus que tendue avec les Duvalier qui se succèdent au pouvoir. Son père a dû fuir la dictature sous Papa Doc et Dany doit s'enfuir à son tour sous Baby Doc. Le cri des oiseaux fous parle des vingt-quatre heures qui ont précédé son exil.
Il y a aussi ses romans érotiques façon "Bukowski Noir" : Comment faire l'amour avec un nègre sans se fatiguer, Éroshima... où il s'amuse des clichés sur les écrivains et l'alcool, les Noirs, la musique et le sexe...
Et puis c'est le désarroi avec Je suis fatigué, où il annonce sa décision d'arrêter d'écrire après ce qu'il appelle son "autobiographie américaine" de dix premiers romans. Qu'il oublie vite, fort heureusement.
Justement, c'est avec L'énigme du retour que Dany Laferrière devient un écrivain japonais. Il ne le dit plus, il le prouve. Sur les traces d'Aimé Césaire et son "Cahier d'un retour au pays natal", il découpe ses phrases comme des poèmes en prose et son style photographique flashe comme des haïkus.
Éditions Grasset, 2009, 304 pages.