Le paysage et la saison sont toujours très importants pour Claudie Gallay : ils créent l'atmosphère, souvent lourde et rude. Les déferlantes avaient pour cadre le Cotentin sauvage. Seule Venise se déroulait en hiver, comme Une part de ciel qui se passe en Savoie, plus exactement dans le parc de la Vanoise, au Val-des-Seuls (un nom qui en dit long). Autres thèmes qui reviennent : la solitude, l'amour finissant, la possibilité d'une autre histoire...
Dans Une part de ciel, la narratrice revient sur ses terres d'enfance, convoquée par le père pour un rendez-vous sans date précise. C'est l'occasion de se pencher sur son passé et l'histoire familiale avec son lot de non-dits : le père fantasque qui partait souvent, la mère qui n'est plus, le frère et la sœur qui sont restés au pays, l'incendie de la maison qui l'a traumatisée, l'amour de jeunesse qui la cherche... En attendant le père, elle tient un journal, du 3 décembre au 20 janvier, où elle raconte la vie lente et dure — limite sordide parfois — dans cette vallée reculée où un projet de piste de ski partage les habitants et, surtout, ses retrouvailles avec la fratrie. Le temps est lent dans ce roman épais ; le temps de l'attente nécessaire pour mieux cerner les uns et les autres, leurs vérités derrière leurs secrets. Traductrice d'une biographie de l'artiste Christo, elle puise une ressource dans ce travail qui donne, par petites touches, du souffle venu d'ailleurs, comme la photographie qu'elle pratique de façon un peu obsessionnelle. D'autres personnages, deux jeunes, pratiquent la vidéo ou le dessin. L'art donne un espoir, une ouverture dans ce milieu peu bavard où tout le monde attend ou espère quelque chose, sa part de ciel.
Éditions Actes Sud, Collection Babel n° 1277, 2014, 576 pages.
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