Lorsque Christian Garcin reçoit par la poste le livre Mocha Dick que son ami Thierry Gillybœuf* a traduit et préfacé, il est littéralement harponné par l'auteur épique, Jeremiah Reynolds. Toute affaire cessante, il se lance sur les traces de cet aventurier qui, dans son sillage, a déjà inspiré plus d'un illustre romancier d'aventures : Poe, Verne, Doyle, Lovercraft, voire Melville...
En creusant très peu, si je puis dire, on comprend vite que Christian Garcin, dont l'œuvre foisonne de souterrains (au propre comme au figuré) et de grands espaces (voir entretien sur ces thèmes), se soit passionné pour cet étonnant voyageur et cette fameuse et fumeuse théorie de la Terre creuse (qui fait pourtant toujours des émules).
Le résultat est un passionnant ouvrage, hybride et débridé, roman-récit-essai : Les vies multiples de Jeremiah Reynolds.
Conteur hors pair, l'écrivain prend la juste distance pour commenter, avec beaucoup de piquant, l'histoire multiple — très documentée — non seulement de Reynolds, mais aussi de cette littérature épique, ainsi que de cette théorie de la Terre creuse qui n'était, en souterrain, si je puis dire, qu'un prétexte pour assouvir la soif d'aventures et de conquêtes des hommes (d'un certain point de vue car des peuplades vivaient parfois depuis des millénaires sur ces terres hostiles).
C'est donc l'œil rieur et le sourire en coin, harponné à son tour par ces
théories et aventures rocambolesques, qu'on se plonge avec
délectation dans cette lecture car, à l'instar d'un des personnages (Philip P. King, page 69), Christian Garcin cultive "un humour caustique et sophistiqué, témoignant d'une vive intelligence des êtres et des choses."
* à qui il dédie Les vies multiples de Jeremiah Reynolds.
Éditions Stock, 2016, 168 pages.
D'autres chroniques sur les livres de Christian Garcin à lire dans ce blog :
- Selon Vincent et un entretien sur Selon Vincent
- Vétilles
- J'ai grandi
- Labyrinthes et Cie, La jubilation des hasards et Carnet japonais
- La neige gelée ne permettait que de tout petits pas
- Sortilège- Des femmes disparaissent
- Les nuits de Vladivostok
- Romans pour la jeunesse
Bonjour Marie
RépondreSupprimerVotre référence à la terre creuse a réveillé deux choses en moi. La première est cette soudaine envie de communiquer avec vous (je vous avais toujours à l'oeil en douce). La seconde, plus anecdotique, donc plus intéressante, est la suivante. Enfant, longtemps j'ai cru que les îles flottaient sur l'eau. Un peu comme de gros navires avec la majeure partie de la cale sous l'eau car mon grand-père m'avait expliqué qu'elles s'étaient détachées du continent
Cher inconnu,
RépondreSupprimerMerci pour votre lecture assidue.
En effet, cette théorie de la Terre creuse continue d'alimenter l'imaginaire des petits et des grands.
J'ai lu avec plaisir ton billet, harponnée moi aussi par ce roman qui stimule tant l'imginaire ! Voyages, rêves et littérature y sont intimement liés et l'érudition y est agréable, légère. Bravo Christian Garcin !
RépondreSupprimerMerci Celina !
RépondreSupprimerOui, Christian Garcin fait appel à la subtilité et à la complicité du lecteur : très agréable.