— Ta voix ne convient pas pour les publicités, dit-il sur un ton compatissant. Tu es trop connu. Tu es le méchant des feuilletons radiophoniques, et ça ne fait pas vendre. Tu enregistres une publicité pour Coca Cola et Coca Cola fait faillite. C’est aussi simple que ça.Comme dans Le directeur n'aime pas les cadavres, le narrateur de Ma voix est un mensonge, de Rafael Menjívar Ochoa, tombe dans un milieu opaque, corrompu et violent où police, pouvoir et presse sont étroitement mêlés dans une macabre comédie.
En prêtant sa voix, il doit survivre aux complots, menaces, manipulations d'un milieu qui n'est pas le sien. Un vrai cauchemar : absurde, effrayant.
Heureusement, notre artiste trouve auprès des femmes un peu de tendresse.
Au café du coin, il y avait Guadalupe Frejas, immense comme une boule de glace à la fraise géante. Quelque chose de bon devait arriver ce jour-là, et c'était Guadalupe. Elle avait une cinquantaine d'années, mais en faisait moitié moins ; la graisse sous sa peau l'empêchait de vieillir. Elle avait un visage de bébé. Elle transpirait comme un geyser, mais ce n'était pas une transpiration violente : tout en elle n'était que douceur et tendresse. Sa voix était la plus mélodieuse jamais émise par un poste de radio, la plus pure. Son registre n'était pas très étendu, mais son expressivité était étonnante. Tout en elle était graisse et voix, et c'est sa voix qui la faisait vivre.Un roman noir latino-américain — donc pas très loin de la réalité politique actuelle ou passée que l'on se fait de cette région du monde — et, malgré l'ambiance cauchemardesque, plein de verve et d'humour.
Quidam éditeur, traduit de l'espagnol (Salvador) par Thierry Davo, Collection Les Âmes Noires, 2018, 158 pages.
Du même auteur, chez le même éditeur : Le directeur n'aime pas les cadavres.
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