jeudi 12 juillet 2018

Les dents de la mère


Rebecca Lighieri réduit en charpie toute une famille dans Les garçons de l'été.
Un requin mord la jambe d'un beau surfeur et cela fait l'effet d'une bombe dans sa famille bourgeoise apparemment parfaite et bien sous tous rapports.
Rebecca Lighieri révèle ce qui se trame dans l'esprit de chaque personnage, multiplie ainsi les points de vue et allie un style soutenu avec des langues qui appartiennent à chacun.
Elle dissèque avec une méticulosité de médecin légiste, mais aussi beaucoup d'humour et de cynisme, les dysfonctionnements du clan, en éclairant les zones d'ombre d'un univers solaire. Il n'y a pas que les requins qui ont la dent dure.

— Tiens, Mylène. Ça va te détendre. C'est du rhum arrangé bibasse vanille. C'est ma mère qui le fait. Tu vas voir, c'est trop bon.
Je me fous de sa mère alcoolique, et puis d'où tient-elle qu'elle peut me tutoyer et que j'ai besoin de me détendre ? Mystère, mais elle n'en continue pas moins de m'agiter avec insistance son gobelet de polystyrène juste sous le nez. À bien la regarder, elle est effectivement très jolie, mais elle est passée à deux doigts de la laideur, avec ses yeux dorés à fleur de tête, ses lèvres surdimensionnées et comme tendues. 
— Non, merci. Contrairement à vous tous, je n'ai rien à fêter. 

Un roman carnassier et trash comme un thriller où la violence et la perversion hurlent derrière la normalité.
Excellent de bout en bout.

Éditions P.O.L, 2017, 448 pages.

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