jeudi 3 janvier 2019

Le roman qui met la barre très haut

Dans L'appel, Fanny Wallendorf semble parler de sport et de sportifs, mais elle parle davantage de l'attitude d'un jeune sportif qui a inventé de façon intuitive une technique de saut en hauteur qui porte encore son nom : Fosbury. Cette création tout à fait originale ne sera pas du tout admise au départ et passera par des détours saugrenus avant d'être homologuée.
C'est véritablement le style limpide de l'autrice qui nous embarque dans cet univers et le rend attractif, tout en sensibilité et justesse. En effet, Fanny Wallendorf réussit à tisser un récit plein de suspense, dans les années 60 aux États-Unis, en pleine guerre du Vietnam.
Le sujet de cet épatant roman n'est pas une biographie de l'athlète (le personnage n'est jamais nommé que par le prénom Richard), mais plutôt l'histoire de la trajectoire d'un grand malingre plutôt moyen qui devient champion — ce qui n'était pas gagné.
De façon plus générale, c'est une réflexion sur la différence, la persévérance pour imposer une façon de faire personnelle et inédite.
— Champion mec, où t'as appris cette technique ?
Les juges relèvent la tête, perplexes, et annoncent que Richard est officiellement troisième du meeting, avec une barre effacée à 1,77 mètre. Rien dans les textes ne permet de le disqualifier. 
— Hein ? T'as appris ça où ? répète le Goliath en lui serrant amicalement la main. 
— Euh... nulle part. Je voulais juste passer la barre. 
Notons également l'humour de la couverture où le paysage inversé illustre ce saut en hauteur qui consiste à se retourner sur le dos.
Un premier roman qui met la barre très haut !

Éditions Finitude, 2019, 352 pages.

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