jeudi 18 mars 2021

L’étoffe des héros

Éric Dautriat a signé ce magnifique roman, Le brisement de la mer, son sixième livre, une fable mythologique et philosophique qui nous emmène en voyage dans le temps et l'espace.
Ulysse est-il vraiment heureux d'être rentré de voyage ? Il s’ennuie, se penche sur son passé (plus ou moins) glorieux et sa condition de mortel, obsédé par la mer et les femmes. Pénélope semble plus sereine. Elle n’est dupe de rien mais ne juge pas. Elle pardonne. Un étrange voyageur, nommé Nîl (dont le prénom devrait vous rappeler quelqu'un), débarque et prétend être allé sur la Lune.

Dans ce conte philosophique, où la mer a rendez-vous avec la Lune, se rencontrent deux personnages mythiques, deux époques, deux odyssées extraordinaires, qui, malgré quelques différences, ont beaucoup en commun.
Comme l'écrit Éric Dautriat dans son avant-propos : « L'aventure de l'espace du XXe siècle entretient avec les mythes les plus anciens des liens étroits, souvent conscients, si l'on en juge par les noms donnés aux fusées et aux vaisseaux spatiaux, à commencer par Titan et Apollo ». De même, les noms des constellations empruntent beaucoup à la mythologie grecque.

L'auteur, ingénieur de l'aéronautique et de l'espace, longtemps dirigeant du programme Ariane, réussit l'exploit d'interroger et revisiter ces mythes, avec poésie et sensualité. Les personnages d’Homère reprennent vie, corps et chair, et surtout esprit. Ces héros, taillés dans l'étoffe des légendes éternelles, deviennent proches et contemporains, tellement humains.
La lecture du
Brisement de la mer est du miel, une ode à la nature, à la beauté des étoiles et de la mer. On y voit la silhouette des pins et les rangées de vignes ; la vie rude et sèche des terres de marins baignées de soleil. On y sent les embruns, les parfums de lentisque des maquis et des garrigues de la Méditerranée. On y sent le goût du sel, de l’huile d’olive et du vin. On y sent le grain du sable et celui de la peau des femmes.
On en sort heureux d'avoir fait un beau voyage.
 

Éditions de La Belle Cordière, 2020, 230 pages.

Cette chronique est initialement parue dans le n°110 des Carnets du Ventoux.

1 commentaire:

  1. Encore merci Marie M. pour ces chroniques qui donnent vraiment envie d'aller acheter les livres. J'ai beaucoup aimé le "Brisement de la mer" d'Eric Dautriat. Bernard.

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