dimanche 14 mars 2021

Un dernier voyage en images avec Hugo Pratt

En 1992, Hugo Pratt entreprend un dernier voyage dans le Pacifique. C'est le récit qu'il raconte dans J'avais un rendez-vous, une réédition augmentée d'une sorte de testament spirituel.
Il évoque son univers composé d'images et sa fascination pour les dessins depuis son enfance à Venise, comme ces vignettes représentant des paysages exotiques ou un grand livre illustré que sa voisine lui avait montré.
Autant de lectures, d'invitations au voyage et de rendez-vous, souvent inattendus, car dit-il : "au fond, les meilleures réponses nous sont données lorsqu'on ne pose pas de questions..."
Il part d'île en île sur ces lieux de légendes qui ne sont pas toujours des paradis, mais chargés d'histoires de marins, d'explorateurs, de colons... Rapa Nui, Rarotonga, Pago Pago, Samoa, Apia (avec un émouvant hommage à Stevenson), Nouvelle-Irlande...

Rapa Nui est une porte d’entrée vers des mondes disparus, vers des légendes trop belles pour qu’on y renonce et trop naïves pour qu’on y croie. Oui, sans aucun doute, cette île est une merveilleuse invitation à la rêverie, à l’imaginaire.

Comme le raconte Patrizia Zanotti qui a voyagé d'île en île avec Hugo Pratt, ce dernier préparait méticuleusement ses voyages, se documentait, étudiait les cartes, lisait la littérature. "En réalité, Pratt voyageait plus dans l’idée d’éprouver certains lieux que de les découvrir. Pour lui, se rendre dans le Pacifique, après toutes les pages qu’il avait dessinées avec Corto Maltese, Capitan Cormorant, ou encore pour L’Île au trésor, c’était retrouver les paysages qui avaient alimenté son imagination. Il ne cherchait pas à se documenter sur un lieu pour ensuite le dessiner, tout simplement parce que les dessins, il les avait déjà faits. Son voyage était un voyage nostalgique, où il cherchait à réanimer la fascination qui, depuis son adolescence, l’avait poussé à dessiner. Il recherchait les lieux dont il avait rêvé. C’était comme rentrer dans la magie des pages de Stevenson, de Conrad, de Melville et de tant d’autres", écrit-elle dans la postface.
L'ouvrage est superbement illustré avec, bien sûr, le personnage de Corto Maltese. Il comporte également un album photo de leur voyage, ainsi qu'une truculente biographie en quelques dates marquantes et citations.
Un passionnant et magnifique voyage dans l'imaginaire et les pas de ce grand dessinateur.

Le Tripode, 2020, 224 pages.

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