mercredi 31 janvier 2024

Oh ! Le style haut, avec ou sans stylo

Pas de nom d'auteur, deux textes et donc deux titres pour un même livre imprimé tête-bêche, pas de pagination : l'objet littéraire surprend et le concept singulier donne à réfléchir.
Les titres sont : Sans son stylo, du côté de la couverture bleu ciel, et Avec mon stylo de l'autre côté, sur fond bleu foncé.
Pourquoi l'auteur* se cache-t-il ? (plus ou moins). Il donne un début d'explication, fort intéressant, sur le site de l'éditeur

"il y a plein de raisons de ne pas mettre le nom de l’auteur sur une couverture. De nombreux livres gagneraient à paraître sans nom d’auteur. Tous, peut-être. L’auteur, c’est rien du tout. Je crois très peu à son autorité. Le livre est souvent au moins autant l’auteur de son auteur que son auteur n’est l’auteur du livre. Relisez ça. Et, en tant que lecteur — je suis aussi lecteur —, il me semble que le nom de l’auteur, très souvent, pollue ma lecture."

C'est tellement vrai !
Évidemment, la surprise ne s'arrête pas là quand on plonge dans le texte : qui est le narrateur ? Un double de l'auteur à la première personne ou un personnage imaginaire ? Le sait-il lui-même ? Est-il atteint d'hallucinations ou de pertes de mémoire quand divers objets disparaissent (ou bien n'ont peut-être jamais existé) : son stylo avant tout, mais aussi un château d'eau, un arbre, sa femme... ?
Si ce n'est pas très clair, cela ne l'empêche pas d'écrire de façon limpide, par circonvolutions pour mieux illustrer ses obsessions. Il réfléchit beaucoup à sa façon d'écrire, avec ou sans stylo, et se soucie — avec ironie — de ne pas perdre les lecteurs, malgré le récit labyrinthique, les mises en abîmes et sa distance avec la réalité. Mais la fiction n'est-elle pas à opposer à la réalité ?
Si ce livre est un audacieux OLNI (objet littéraire non identifié), perturbant et déroutant (où l'éditeur non moins audacieux a joué le jeu), il est aussi plein d'humour  et de jeux de mots. Le texte attise la curiosité car on a tendance à chercher des indices, à vouloir percer les mystères de ce livre où tout est, à la fois, double et en creux, à prendre dans tous les sens.

Éditions DO, 2024, 180 pages.

* Dans la liste des livres du même auteur, on trouve des titres de Philippe Annocque (mais cela reste entre nous), un auteur toujours en recherche de concepts littéraires. Cherchez dans ce blog les autres chroniques en tapant Annocque dans "Rechercher".

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire