Isild Le Besco, actrice, scénariste et réalisatrice, fait le récit de sa vie, son enfance et comment elle est devenue actrice dans Dire Vrai.
Elle explique notamment comment elle était la proie parfaite pour accepter l’inacceptable toute sa vie.
Dès son enfance dans une famille dysfonctionnelle (toutes les familles sont dysfonctionnelles, mais certaines le sont plus que d'autres !), elle a eu le réflexe de la dissociation : son corps n'est plus connecté à son esprit et à ses émotions.
Elle n'a jamais voulu passer pour une victime, jusqu'à ce qu'elle se prenne un coup dans le train par une personne sous l'emprise de la drogue.
En parlant d'emprise, cela devrait servir à toutes celles (j'utilise le féminin parce que la majorité des victimes sont des femmes) qui n'ont pas l'occasion de s'exprimer en public ou d'être publiées.
Le livre tombe à pic pour asséner le coup sur ces artistes, cinéastes — dont Benoît Jacquot et Luc Besson — et autres hommes de pouvoir (connus ou inconnus du coin de la rue) qui se croient tout permis. (Je me dis qu'en ce moment il y a en a qui doivent se faire discrets pour se faire oublier...)
Il faut du courage pour s'exprimer, se dévoiler, dire sa vérité quand on est de nature discrète : c'est s'exposer. Mais c'est aussi une question de survie, dit-elle. Cela passe par l'écriture et par un livre parce qu'il "n'y a que l'écriture qui permet de regarder son passé en face et de mettre chacun face à ses responsabilités." Il fallait au moins ces quelque 170 pages pour tout nuancer, peser chaque mot avec sensibilité.
Et l'on sent aussi cette urgence à dire enfin la vérité, cette libération.
D'ailleurs, ce livre est une telle confession qu'il est difficile de le laisser en cours : il faut le finir d'une traite, aller au bout.
C'est un témoignage émouvant, bouleversant et nécessaire.
Aujourd'hui, je me fais l'avocate de celle que j'étais, qui n'avait ni les mots, ni l'aisance sociale, ni l'entourage pour la protéger...
Ces exemples - parmi d'autres - illustrent comment une enfant se construit dans un monde d'adultes. Quels que soient ses interlocuteurs, elle est constamment ramenée à son rang de jeune fille inexpérimentée, bien qu'elle ait un contrat d'adulte.
Cette mécanique favorise le déséquilibre des forces, accroissant le sentiment d'illégitimité qui rend la jeune fille plus vulnérable.
Denoël, 2024, 176 pages.
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