C'est bien l'intérêt puisqu'il est à la fois un plaidoyer pour les libellules (et la nature en général), un rapport de naturaliste, un texte littéraire, politique, écologiste, philosophique et bien d'autres choses encore... Un texte foisonnant et fascinant, comme ces myriades d'insectes que nous ne remarquons pas parce que nous ne les connaissons pas.
Justement, l'auteur nous transmet sa passion et son émerveillement pour les libellules, demoiselles et autres cousines des zones humides, et nous raconte ses explorations à côté de chez lui, comme à l'autre bout du monde.
S'il chasse les libellules, c'est bien sûr de façon pacifique pour mieux les observer. À l'imaginer avec son filet, qui rappelle une épuisette, il aurait davantage l'air d'un pêcheur ou d'un cueilleur, avec un parapluie japonais (outil qui sert à recueillir délicatement les insectes) pour les observer, les photographier et les répertorier.
S'il ne se lasse pas de ses investigations, il se désespère aussi — comme nous — de l'état du monde et du recul des populations de libellules et de leurs habitats...
Il y a ce que je vois, ce que je cherche, ce que je trouve, ce que je croise, ce qui me distrait, ce que je ne comprends pas, ce dont je me souviens. il y a le présent primitif de ma quête, les vestiges du passé et les intuitions déjà sombres du futur. Il y a l'histoire de ces sites, qui se niche dans les pierres, les flaques, les rencontres, et à laquelle je dois l'état ou la nature des milieux que j'arpente. J'observe pour mon érudition et pour le plaisir de voir vivre des créatures chez elles. Pour approcher ce truc, cette intelligence sans cerveau, cette puissance phénoménale, ce frémissement. Mais en tant que naturaliste je transforme mes observations en témoignages dans le but d'informer, de rendre compte, voire d'être utile.
C'est ainsi qu'il nous embarque dans ses excursions où il nomme chaque rencontre par son nom latin. Il s'engage et s'interroge, nous fait part de ses remarques, par exemple sur le vocabulaire qui lave plus vert, ou bien de son regret que l'écologie ne devienne plus qu'une affaire de spécialistes alors que les amateurs, comme lui et bien d'autres, peuvent apporter des points de vue intéressants.
Une formidable leçon de choses, sur le terrain et sur les traces de notre cher écrivain entomologiste Jean-Henri Fabre.
Cause perdue éditions, 2025, 80 pages.
À suivre : Cause perdue est une toute nouvelle maison d'édition, née en 2025, qui publie des livres politiques et littéraires.
* Odonatophile : qui aime les odonates, insectes dont font partie les libellules.
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