lundi 13 octobre 2014

Théâtres de crimes sur papier glacé

L'idée de ce livre saisissant de photos d'Hermance Triay et de nouvelles de Marc Villard, Scènes de crime, dans l'esprit du roman noir, est la suite logique du travail de la jeune photographe.
Depuis plus de quinze ans, Hermance Triay s'interroge sur ce qui nous fascine dans le polar et photographie à la chambre des lieux qui laissent une grande part à l'imaginaire et à l'angoisse par, à la fois, leur banale et inquiétante étrangeté.
L'exposition de ses photographies au festival Paris Polar de 2009 inspire l'écrivain Marc Villard. Ils imaginent alors ce projet de livre publié ce mois-ci dans la collection Collatéral, des éditions Le bec en l'air, qui croise littérature et photographie contemporaine.
Hermance réalise en tout une centaine de photos de lieux au cours de voyages en Europe et en Amérique. Ils en sélectionnent ensuite une vingtaine pour le livre et imaginent quelles armes pourraient correspondre à chaque lieu et histoire.
Chaque nouvelle est précédée, au-dessus du titre, de la photo de l'arme — sur fond blanc, à la manière froide des prises de vue de la police criminelle — et d'un détail de la scène en noir et blanc, à la façon des reproductions de la rubrique "faits divers" des journaux quotidiens. Sur la double page suivante, vient la scène du crime très précisément choisie comme "un plateau de théâtre avec entrées et sorties de scène, sans perspectives, et avec un sentiment de piège (visuel) ; un espace qui génère de l'angoisse, un lieu désert ou un lieu familier mais où une mauvaise rencontre est possible". Reste ensuite à saisir la scène au bon moment, par temps gris, lumière neutre, sous la neige... ou de nuit. (La façon dont Hermance Triay a mené ce travail est très détaillée sur son site.)
Au-delà des excellentes nouvelles de Marc Villard, ces photographies de lieux invitent notre imagination à s'interroger et créer nos propres histoires. À tel point que ces Scènes de crime pourraient parfaitement convenir à des personnes qui n'aiment pas lire !

Éditions Le Bec en l'air, 2014, 160 pages.

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