C'est un article dans M le magazine du Monde du 13 décembre 2014 qui m'a mis la puce à l'oreille : que vient faire Anna Jarota, ex-militante de Solidarnosc, en tant qu'agent littéraire de Valérie Trierweiler dans l'affaire de Merci pour ce moment ? Anna Jarota veut être certaine que la journaliste de M a bien lu le livre avant d'en parler. C'est là que le bât blesse : tout le monde s'est exprimé sur ce livre sans l'avoir lu, en se fiant aux propos des uns et des autres. C'est la métaphore des aveugles qui touchent chacun une partie différente d'un éléphant et en déduisent chacun un "point de vue" qui n'a rien à voir avec les autres.
Comme bon nombre, le best-seller de l'année m'a sidérée à sa sortie mais je m'étais refusé de l'acheter. Le voilà qui me tombe entre les mains, prêté par une voisine. Maintenant que je l'ai lu, je peux vous donner mon avis. Textuel. Rien de tel que de se faire sa propre opinion et j'en suis à nouveau sidérée mais, contre toute attente, en bien.
D'abord, l'ex-première dame ne se place ni en victime ni en vengeresse. Ce livre est une mise au point face à la campagne de diffamations et d'humiliation, publique et planétaire, dont elle a été l'objet. Le problème, c'est qu'en France, la première dame n'est qu'un faire-valoir à qui on ne demande qu'une chose : sois belle et tais-toi. C'était sans compter sur une femme qui a crevé le plafond de verre (et l'a payé cher) pour sortir de sa classe sociale et vivre de façon indépendante.
Ce livre est un témoignage étonnant de franchise et de courage pour rétablir la vérité et nous donner sa version des faits (à ma connaissance, personne ne l'a traînée en justice donc elle dit vrai).
C'est le récit sensible d'une femme qui a cru en un homme, l'a soutenu alors qu'il n'était même pas pris en compte dans les sondages, et qui est devenu Président de la République. Son histoire personnelle a croisé celle d'un pays. Elle a dû renoncer à son indépendance, a fait des erreurs, certes, n'a pas été protégée, puis a été trahie. Elle sort de son silence imposé. On n'apprend rien sur le monde politique et ses travers, ses médisances et ses luttes d'influence de machos. Juste quelques piques dans le panier de crabes.
Alors Valérie, merci pour ce récit !
Éditions Les Arènes, 2014, 320 pages.
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