Dans Goldberg : Variations, son dernier roman traduit en français et paru chez Quidam éditeur (en 2014), il tisse une toile autour du thème de... Goldberg, l'écrivain.
Inspiré des Variations Goldberg de Bach, transposées, Samuel Goldberg est engagé pour écrire et lire une œuvre sur mesure qui doit aider un riche insomniaque, Tobias Westfield, à trouver le sommeil, nuit après nuit. L'entreprise s'avère un "défi démoniaque" qui bloque l'inspiration de l'auteur car si le texte est captivant, l'insomniaque risque d'être tenu en éveil, et, s'il est soporifique, c'est sa réputation qui est en jeu.
Trente chapitres se succèdent en autant de variations, de surprises, d'histoires dans l'histoire, d'époques, de narrateurs (ou peut-être pas), s'exprimant dans des styles et formes variées : beaucoup de lettres (dont des brouillons), des notes personnelles, des conversations (avec ou sans réponses de l'interlocuteur)... qui trouveront un écho, un rebondissement, voire un dénouement, quelques chapitres plus loin.
Des liens avec d'autres romans* de Josipovici sont également présents, par exemple à travers les thèmes de l'art (littérature, peinture, musique...) ou le processus et les affres de la création.
Dans Goldberg : Variations, il est aussi question d'amitiés et d'amours finissantes, du mariage, des enfants, de papillons qui s'immiscent dans la tête, du village préhistorique de Skara Brae, de l'enfant sauvage de l'Aveyron... et, bien sûr, de l'insomnie.
Malgré l'apparente disparité des variations, au final tout se rejoint, jusqu'à l'illustration de couverture : cet artiste ambulant de Paul Klee.
Certains chapitres ne manquent pas d'humour comme celui nommé L'idiot qui commence ainsi :
Vivement le prochain roman de Josipovici !"Mon père est un idiot. Il se donne des airs et reste éveillé toute la nuit à lire des livres de métaphysique et de philosophie, et il se rengorge du fait qu'il a correspondu avec "les plus grands esprits de l'époque". Tu ne dois pas toucher à ça, c'est une lettre de Mr Gibbon. Ceci est le dossier de ma correspondance avec Mr Hume. Quand M. Voltaire avait la bonté de me demander mon avis. Le grand Goethe lui-même a daigné s'informer. Et ainsi de suite. Quelque part dans la bibliothèque, on peut trouver une lettre qui lui a été envoyée par Dieu en personne. Je m'assurai d'être présent quand il ouvrit la lettre. Étrange, dit-il, en l'examinant pour trouver la signature. Puis il la posa et me regarda longuement et fixement. Je feignis l'indifférence en regardant par la fenêtre."
* Voir aussi mes chroniques sur :
- Tout passe ;
- Moo Pak ;
- Infini - l'histoire d'un moment.
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