Dans les villes comme dans ses pensées, il trace des méandres qui ne sont pas sans rappeler Proust ou Cervantès — oui, n'ayons pas peur de la comparaison — habité de réminiscences, d'images superposées, d'ubiquité, de gémellité, de causes perdues. Il est question de recherches, de disparitions, d'absences, d'errances, de mémoires, de fuites, de façons de quitter la scène et la vie — qui ne tient qu'à un fil.
On suit le fil invisible de ces déambulations, les liens qui relient un lieu à un autre, une personne à une autre, une situation à une autre.
Et pour conjurer les pertes dues à la mémoire ou à la mort, il reste l'art et la nécessité d'écrire, de graver, de mettre en scène, de photographier...
Quelquefois, j'ai moi aussi cette pensée saugrenue que ma vie ne tient qu'à un fil, le dernier brin d'une corde usée auquel je reste suspendu dans le vide. Cette pensée pourrait être des plus tragiques et me mettre dans une humeur noire — la même humeur qui assombrit aujourd'hui le regard de Ceciliá — me donner la triste figure de l'Ingénieux Chevalier, mais au lieu de cela, aussitôt elle me réjouit parce qu'elle me rappelle le cinéma, les feuilletons que je voyais enfant ou les films d'aventure américains dans lesquels le héros est suspendu à une corde, sans savoir qu'à cause de ses mouvements, la corde s'est peu à peu usée au tranchant du rebord rocheux où elle est amarrée.Une magie opère, dans l'histoire et à la lecture. L'écriture de Pierre-Louis Rivière, poétique et subtile, se déroule et envoûte en volutes légères.
Éditions Orphie, 2016, 360 pages.
D'autres chroniques sur les livres de Pierre-Louis Rivière :
- Le Vaste monde et Notes des derniers jours ;
- Clermance Kilo.
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