Cette fois-ci, il s'agit d'une minutieuse enquête sur les Osages de l'Oklahoma (États-Unis) qui ont également subi discriminations et injustices.
À la fin du XIXe siècle, alors que les survivants amérindiens sont parqués dans des réserves, les Osages se voient attribuer des terres arides de l'Oklahoma. Or, elles abritaient les plus grands gisements de pétrole des États-Unis, ce qui rend bientôt les Osages immensément riches.
Mais comme ces derniers n'étaient pas considérés comme citoyens à part entière et étaient jugés incapables de gérer leurs fortunes, ils sont placés sous la tutelle des Blancs ! Une situation qui a bien sûr attiré les convoitises de curateurs peu scrupuleux, voire prêts à tout pour s'approprier les biens des Osages, quitte à les empoissonner ou les assassiner — en toute impunité.
Le St Louis Post-Dispatch écrivit à propos de ces meurtres : "Les shérifs ont enquêté et ne sont parvenus à rien. Les procureurs d'État ont pris le relais pour un résultat identique. Puis ce fut au tour du procureur général de se casser les dents. Ce n'est que lorsque le gouvernement fédéral et le ministère de la Justice prirent les choses en main que la loi put redorer son blason."Les familles des victimes en étaient réduites à payer eux-mêmes les enquêtes, en vain, jusqu'à ce que le jeune directeur du Bureau of Investigation, Edgar J. Hoover, ait l'ambition de créer un service d'élite (futur FBI) et tienne à tout prix à faire la lumière sur une partie de ces disparitions en série des années 1920.
La Note américaine est le récit brillant et plein de suspense de ces périlleux démêlés.
David Grann s'est replongé dans les montagnes d'archives pendant cinq ans pour comprendre comment et pourquoi les enquêtes n'aboutissaient pas et comment d'incorruptibles enquêteurs ont réussi à déjouer complots et escroqueries en bandes organisées.
Sur le terrain, en 2015, il a ensuite rencontré des descendants de ces familles décimées d'Osages et a découvert un tableau encore plus terrifiant, bien au-delà de ce qu'indiquaient les chiffres officiels.
Comme dans le roman d'Éric Plamondon, c'est tout un pan négligé de l'histoire de l'Amérique qui refait surface et pointe une colonisation basée sur la violence envers ceux qu'on appelaient des "Sauvages".
Un efficace thriller politique qui sera adapté au cinéma par Martin Scorsese.
Éditions Globe, traduit de l’anglais (États-Unis) par Cyril Gay, 2018, 368 pages, avec photographies en noir et blanc.
D'autres chroniques sur les livres des éditions Globe :
- Juan F. Thompson : Fils de Gonzo.
- Shulem Deen : Celui qui va vers elle ne revient pas.
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