lundi 17 décembre 2018

Tiburce, le double astral de Tehem

À l'occasion de la sortie de la première partie de l'intégrale des aventures de Tiburce, le dessinateur Tehem répond à nos questions. Nous avions déjà parlé de lui dans ce blog, à propos de ses BD Chroniques du Léopard, Nowan, la revue Le Cri du Margouillat ou Le Major contre le gang des Canotiers blancs

Il est également l'auteur des séries Malika Secouss et Zap Collège


Tiburce est ton plus ancien personnage. Comment pourrait-on le définir ?
Tehem : Tiburce est un petit Yab* vivant dans un village des hauts, dans un temps figé dans les années 70-80. C’est-à-dire les années de ma jeunesse. Il est un peu limité, naïf, mais toujours positif.

Que représente-t-il pour toi ?
J’ai créé Tiburce lorsque je passais mon bac en métropole : j’étais fou de rage de voir qu’au même moment sortait à La Réunion le premier numéro du Cri du Margouillat (un fanzine BD réunionnais). J’aurais tellement aimé être là-bas à ce moment-là ! Tiburce, c’est donc mon double astral :)

Est-ce qu’il t’a été inspiré par ton enfance à La Réunion ?
J’avais l’habitude de dire il y a quelques années que Tiburce n’était pas moi, mais un mélange de copains, et de cousins. Mais avec le temps, je me rends compte que c’était bien moi qui poussait ce pneu… J’assume, maintenant : Tiburce, c’est moi petit. 

On le voit toujours en train de faire rouler un pneu. C’est un jeu qui se pratiquait à La Réunion ? Aujourd’hui encore ?
Oui, j’y jouais chez ma grand-mère des Avirons les week-ends. Le terrain accidenté s’y prêtait, et on trouvait facilement des pneus, ceux-ci servant à délimiter des parties du jardin. 

Qu’apporte de plus l’intégrale par rapport aux éditions originales ?
La première intégrale rassemble les 4 premiers tomes colorisés, ainsi que quelques strips inédits. Et surtout, ça permet une lecture dans la continuité, c’est pas mal pour donner aux personnages plus d’épaisseur.

Est-ce que l’écriture du créole a été un problème ?
Non, pas au début. C’est après le deuxième tome qu’un linguiste est venu me dire que mon écriture n’était pas « réglementaire ». Mais je suis convaincu que la graphie que j’ai choisie est plus efficace pour ce que je veux en faire, c’est-à-dire un outil de lecture instinctif de la bande dessinée. 

Est-ce que tu as toujours rêvé de faire de la BD ou bien cela t’est arrivé par hasard ?
À l’âge de 8 ou 9 ans, je dévorais des bandes dessinées (enfin, les pauvres BD qui arrivaient jusqu’à La Réunion à cette époque), et très vite j’ai trouvé ce moyen d’expression magique. J’avais réalisé du coup une centaine de pages racontant des histoires d’agent secret, de chevalier, d’homme de la jungle… Ces histoires ne s’adressaient qu’à moi, seul lecteur privilégié. Puis je me suis rendu compte que ces récits étaient aussi clairs pour les autres. C’est là que je me suis dit que c’était ce que j’allais sûrement faire plus tard. J’ai essayé de progresser en recherchant ce qui ne fonctionnait pas dans la lecture, en lisant aussi d’autres auteurs fondamentaux (Gotlib, Franquin, etc.). J’essaie encore aujourd'hui de progresser, d’expérimenter d’autres techniques.

Où peut-on acheter ou commander l'album ?
Notamment sur le site du Cri du Margouillat.

Éditions Centre du monde, 2018, 21 x 16,5 cm, 176 pages.

* Yab : nom donné aux Blancs qui vivent dans les hauteurs de l'île de La Réunion. 

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