dimanche 26 septembre 2021

Le pays des rides heureuses

La journaliste économique Marie Charrel qui a su nous envoûter avec son roman Les Danseurs de l'aube, ou son enquête romancée Je suis ici pour vaincre la nuit, vient de publier Qui a peur des vieilles ?, un essai sur un passionnant sujet de société : l'âgisme.
Il s'agit des discriminations fondées sur l'âge, qui s'accompagnent souvent de sexisme puisque ce sont surtout les femmes qui en font les frais, en tout cas beaucoup plus tôt que les hommes.
En effet, une des inégalités entre les hommes et les femmes est l'âge, et le regard qu'on porte sur les personnes mûres. Après 45 ou 50 ans, les femmes deviennent étrangement transparentes.
L'autrice s'est plongée dans l'étude de ce phénomène — presque un tabou — en croisant les références culturelles (films et livres), les analyses historiques et sociologiques, et des dizaines de témoignages de personnes connues ou inconnues (surtout des femmes).
Très instructif, son livre tend également un miroir à chacun, homme ou femme.
Malgré tout, les personnes interrogées et concernées ne vivent pas si mal leur maturité. Car des tabous commencent à tomber. Les diktats et les injonctions se floutent. S'il reste encore des progrès à accomplir, le changement de regard est en chemin. Même si, comme on le voit dans la presse féminine d'un article à l'autre dans le même numéro, des injonctions contradictoires persistent.
Alors pourquoi tant de jeunisme ? On est toujours la vieille ou le vieux de quelqu'un d'autre. À quel âge est-on vieux et comment bien vieillir ? Et peut-être que la question est : qui a peur de vieillir ?
Comme l'écrit Belinda Cannone dans La Tentation de Pénélope

"Alors soyons puissantes, mes sœurs, parce qu'ainsi s'entretiendront la joie de vivre et le feu."

Le résultat est un essai vivant, passionnant et revigorant.

Éditions Les Pérégrines, 2021, 288 pages.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire