dimanche 27 mars 2022

Maisons habitées et maisons rêvées

L'autrice britannique Deborah Levy, originaire d'Afrique du Sud, a écrit son Autobiographie en mouvement ou vivante (living autobiography), comme elle l'appelle, c'est-à-dire de manière libre.
Pour l'instant, elle est éditée en trois parties, avec Ce que je ne veux pas savoir (2013), Le Coût de la vie (2018) et État des lieux (2021).
Il est beaucoup question de maisons dans ce triptyque, un peu comme l'entend Virginia Woolf, pour avoir un endroit à soi pour écrire, pour se ressourcer, un espace intérieur à préserver. Il y a celles qu'elle a occupées, celles qu'elle a quittées (notamment celle de son enfance en Afrique du Sud), mais aussi les maisons symboliques comme le patriarcat qu'elle considère comme une grande maison ou la littérature qui l'a accueillie, ou encore la notion de nid vide lorsque sa fille part à l'Université. Il y a ce cabanon dans un jardin où elle peut écrire, et cette maison laide où elle vit malgré ses défauts, et celles des autres qui la font rêver, comme le jardin de Bonnard avec ses mimosas ou celle de Georgia O'Keeffe au Nouveau-Mexique avec sa cheminée ovale. Enfin, il y a cette maison idéale qu'elle imagine, et cet univers qu'elle crée en écrivant.

J'ai commencé à me demander ce que toutes les femmes aux désirs portés disparus, toutes les femmes réécrites (comme le déesses) et moi aurions dans notre portefeuille de propriétés à la fin de notre vie.

Elle invite dans ses livres d'autres femmes de lettres qui l'inspirent comme Simone de Beauvoir ou Marguerite Duras. Elle nous invite dans ses pages et nous inspire à son tour.

Ce printemps-là à Majorque, alors que la vie était très compliquée et que je ne voyais tout bonnement pas vers quoi tendre, je songeai que ce vers quoi je pouvais tendre était une prise électrique. Plus utiles encore pour un écrivain qu'une chambre à soi sont les rallonges et une panoplie d'adaptateurs pour l'Europe, l'Asie et l'Afrique.

Ce serait dommage de s'arrêter à une trilogie. Nous attendons la suite. 

Éditions du Sous-sol, traduction de Céline Leroy, coffret de la trilogie avec un carnet contenant un poème inédit de Deborah Levy.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire