dimanche 4 février 2024

Adieux volés

De rage et de chagrin de n'avoir pas pu accompagner son père qui s'est laissé mourir de solitude à l'hôpital pendant le Covid, Bruno Le Dantec écrit d'abord un texte pour lui, qui deviendra finalement un livre incandescent, Et mon père un oiseau ?
L'auteur revient sur les absurdités du confinement, sur le travail des soignants, sur l'état du milieu hospitalier (pas toujours hospitalier) et ses dysfonctionnements qui déglinguent parfois la santé, physique et morale, des gens.
S'il n'y avait que l’hôpital qui partait en "biberine", comme on dit dans le Sud... Cette histoire familiale et personnelle devient universelle en abordant la vie politique, et notamment marseillaise.
De fil en aiguille, les souvenirs reviennent et Bruno Le Dantec raconte la vie de son père, professeur de sciences naturelles, puis celle de sa mère. Leurs relations n'ont pas toujours été faciles, lui qui a été un jeune punk rétif au système, puis qui a roulé sa bosse à l'étranger, avant de revenir vivre à Marseille, et qui a exercé tous les métiers.
Sa fille métisse, qu'il élève seul, apparait aussi dans ce récit autobiographique, offrant ainsi un point de vue différent.
On se laisse emporter par ce livre poignant, impossible à lâcher, écrit avec les tripes — pétri de colère et de tristesse —, mais écrit aussi avec le cœur, et donc d'une grande sensibilité et une émouvante poésie.
Un magnifique hommage à sa famille.

Éditions Hors d'atteinte, 2024, 272 pages.

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